(RV) Le Pape François atterrit à l’aéroport de Dacca, la capitale du Bangladesh
ce jeudi 30 novembre pour un voyage de deux jours et demi au pays du nymphéa. C’est
un pays en pleine mutation économique et sociale que le Saint-Père va visiter et sa
capitale, Dacca, en est la vitrine contrastée.
Dacca, c’est d’abord un bruit, celui des klaxons, incessants. Ils résonnent à chaque
mouvement d’un véhicule pour avertir les autres de sa présence. La circulation est
en effet assez sportive et loin des canons bien stricts d’occident. Ici, le trafic
est frénétique et la ville le plus souvent congestionnée. Il faut plusieurs heures
pour avancer de quelques kilomètres, rendant les déplacements très difficiles.
Il existe une myriade de bus, tous plus cabossés les uns que les autres, des trishaws
à pédales pour les moins fortunés ou pour les trajets les plus courts, des trishaws
motorisés, grillagés, qui n’hésitent pas à se faufiler entre deux haies de bus trois
fois plus hauts qu’eux. Mais ces transports en commun ne suffisent pas à absorber
la demande, immense, de cette mégapole de 15 millions d’habitants qui a grandi trop
vite. Les infrastructures n’ont pas suivi.
Voile permanent dans le ciel
Dacca, c’est ensuite la pollution. Si le matin, la brume recouvre les quartiers périphériques
ou en bordure des rivières, dans la journée, c’est un voile nuageux grisâtre et qui
vous prend à la gorge qui recouvre la ville. À 15h, alors que le soleil des tropiques
commence à décliner, il devient rouge incandescent, comme s’il était sur le point
de disparaitre sur la ligne d’horizon. En cause, les particules fines qui le filtrent.
Ce trafic et cette pollution, c’est la conséquence d’une activité bouillonnante :
le long des grandes artères, se pressent échoppes, magasins et centres commerciaux
miteux, presque cachés derrière des fils électriques qui forment d’énormes guirlandes
de réglisse qui semblent crouler sous leur propre poids. À leur pied, se presse une
foule majoritairement masculine qui parcourt les trottoirs défoncés ou inexistants.
Le royaume du textile bon marché
Au nord de la ville, les usines de textiles, qui se comptent par milliers, s’alignent
le long de la route. Ils sont semblables au Rana Plaza qui s’est écroulé en 2013,
provoquant la mort de 1127 personnes. Au matin, dès l’aube, une myriade de camions
bariolés de couleurs, certains transportant des conteneurs, sont garés, attendant
leur marchandise. Des ouvriers et des ouvrières surgissent entre deux mastodontes,
prêts à traverser la route au milieu des véhicules.
Partout dans la mégapole, des immeubles s’élèvent. Percés de barres de fer, ils montent
vers le ciel défiant toutes les règles de l’apesanteur. Mais le développement est
à ce prix. Il reste encore bien des bidonvilles dans lesquels s’entassent des familles
entières. Ce sont elles qui garnissent les rangs des ramasseurs de déchets, innombrables,
qui jonchent les rues, qui travaillent dans l’économie informelle, essayant de gagner
quelques sous. Si la richesse globale du pays augmente avec l’industrialisation et
les services, la pauvreté est encore le lot d’une majorité d’habitants qui a à peine
quitté la campagne pour rejoindre la ville.
(XS)
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