2017-08-26 17:18:00

Philippines: mobilisation contre l'autoritarisme du président Duterte


(RV) Aux Philippines, la guerre anti-drogue du président Rodrigo Duterte rencontre une opposition croissante. Ce samedi, des milliers de personnes sont descendues dans la rue pour réclamer la fin des exécutions extra-judiciaires menées en toute impunité par les forces de police, et qui auraient déjà causé la mort de milliers de personnes.

Ce genre de protestation est plutôt rare, et pour cause : cette guerre anti-drogue, malgré la brutalité notoire qui la caractérise, est soutenue par une majorité de Philippins. Mais l’assassinat, la semaine dernière, d’un jeune de 17 ans lors d’une opération policière a soulevé l’indignation générale.

Selon la version officielle : Kian Delos Santos était un trafiquant de drogue, qui aurait tiré sur les policiers lors de son arrestation. Mais des images de vidéosurveillance montrent tout autre chose : on y voit le jeune homme, sans arme, trainé par deux policiers, qui l’abattent ensuite à bout portant. L’affaire fait donc grand bruit et a contraint le président Duterte à ouvrir une enquête. Les histoires comme celles-ci sont légion depuis le déclenchement de cette sanglante répression, il y a 14 mois. Les expéditions punitives et opérations anti-drogue s’enchainent avec violence. La police, qui a carte blanche, revendique la mort de plus de 3 500 «personnalités de la drogue». Mais selon certaines associations de défense de droits de l’homme, ce chiffre serait bien en-deçà de la réalité.

«Justice pour Kian», «stop aux meurtres des pauvres», pouvait-on lire sur les pancartes brandies par les manifestants ce samedi. Parmi les 3000 personnes présentes, la famille du jeune homme, ses amis, ses camarades de classe, mais aussi des prêtres et des religieuses. L’Église catholique, dans le pays, est en effet la première opposante à la guerre anti-drogue du président Duterte. Plusieurs évêques l’ont à plusieurs reprises dénoncée, fustigé ses méthodes, et remis en question ses résultats.

Dernière prise de parole publique en date : celle du cardinal Tagle. Dans un texte daté du 20 août dernier, l’archevêque de Manille avait appelé à mettre fin à ce «gâchis de vies humaines». «Le problème de la drogue illégale ne doit pas être réduit à un problème politique ou criminel. C’est un problème humanitaire qui nous concerne tous», a-t-il affirmé.

Cette énième prise de position confirme, une fois de plus, la mission que s’est assignée l’Église aux Philippines, dans ce contexte difficile : défendre la sacralité et la dignité de chaque vie humaine.

(CV-MA)

 








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