2017-07-10 16:19:00

Quatre ans après, le curé de Lampedusa revient sur la visite du Pape François


(RV) La communauté paroissiale de Lampedusa s’est souvenue samedi, avec une célébration, du 4e anniversaire de la visite du Pape François dans l’île, organisée le 8 juillet 2013.

Le Pape François est d'ailleurs revenu sur cet évènement dans son tweet de samedi, en écrivant: «Les migrants sont nos frères et sœurs qui cherchent une vie meilleure loin de la pauvreté, de la faim et de la guerre.»

Pour le premier voyage de son pontificat, le Pape François avait voulu ce jour-là dénoncer l’indifférence face aux migrants morts dans la Méditerranée. Don Carmelo La Magra, actuel curé de Lampedusa, explique à notre confrère du service italien de Radio Vatican, Fabio Colagrande, comment sa communauté vit la mémoire de cette visite papale.

«Notre communauté la vie de façon très simple mais intense. Si ce n’est pas chaque jour le 8 juillet, ce ne l’est jamais ! Lampedusa vit de façon constante cette rencontre avec le Pape qui l’a remotivée, l’a lancée dans sa vocation naturelle qui est celle de la rencontre avec les personnes.

Quatre ans après, Lampedusa continue à être une porte vers l’Italie, vers l’Europe, et un théâtre de drames comme ceux auxquels le Pape François faisait allusion ce jour-là…

Malheureusement le Pape avait crié en disant : «que cela n’arrive jamais plus», mais immédiatement après, des drames de ce type ont continué à se produire. Le 3 octobre (2013, ndlr), ce dut le naufrage qui a provoqué un tournant dans la façon d’accueillir, mais les gens continuent à mourir, les frontières continuent à être fermées et cela continue d’arriver que l’on pense plus à sauver les frontières que les personnes. À Lampedusa le Pape nous invitait à un changement de perspective, à chercher les frères plus qu’à prendre soin des États, ce qui n’advient pas encore, comme nous l’avons vu malheureusement ces jours-ci, parce qu’on raisonne toujours non pas dans l’optique de l’accueil du frère mais dans celle de la défense.

À cette occasion le Pape avait dit : « Qui est le responsable du sang de ces frères et sœurs ? Personne. ». Cette indifférence malheureusement caractérise aujourd’hui la politique internationale, la politique européenne en particulier. Personne ne semble disposé à collaborer avec l’Italie et les ONG qui cherchent à sauver ces personnes sont mises sous accusation…

Le Pape ici à Lampedusa a fait résonner dans le cœur des gens la demande que Dieu fait à Caïn : "Où est ton frère ?", en appelant tous à la responsabilité. Personne ne se sent responsable, mais peut-être que nous le sommes tous, parce que chacun, à un niveau différent, est responsable de l’autre. Bien sûr, les gouvernants, les politiques le sont, mais chacun de nous, dans le fait de donner ou non son consentement aux choix politiques est responsable, et celui qui cherche à vivre dans l’indifférence l’est encore plus.

Nous qui vivons ici en contact avec la mer, avec les gens qui viennent, nous voyons l’œuvre précieuse de ceux qui choisissent de ne pas être indifférents et sauvent les vies humaines, celle des ONG, qui font vraiment un travail énorme au milieu de la mer, un travail dur aussi parce qu’ils sont spectateurs de choses indicibles, tout comme les garde-côtes italiens qui sillonnent la mer pour récupérer jusqu’à chaque dernier cri d’espérance. Malheureusement il est facile d’insinuer des doutes sur l’œuvre des personnes, mais ici on voit qu’il y a beaucoup de gens qui ont répondu à ce cri à la responsabilité que le Pape a lancé. Mais malheureusement le bien reste silencieux, parfois même obstrué.

(CV)








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