2017-06-24 17:35:00

Méditation du 12ème dimanche du Temps Ordinaire


Confiance et espérance : c’est ce à quoi nous invite le Père Joseph Ballong dans cette méditation du douzième dimanche du Temps Ordinaire

(RV) Confiance, n’ayez pas peur.

On présente souvent Jérémie comme un prophète de malheur ou un geignard. Son nom est même passé dans le langage courant : on parle de jérémiades pour stigmatiser les plaintes sans fin qui dérangent. Le texte du prophète de ce dimanche démentirait pourtant cette vision réductrice. Retenons-en trois expressions : « le Seigneur est avec moi », « c’est à toi que j’ai confié mon cœur », « il a délivré le pauvre ». Il n’y a pas de jérémiades dans ces expressions.

Timide et sensible, ouvert au dialogue avec Dieu, Jérémie souffre profondément de tout ce qui se passe à Jérusalem et aux environs : prostitution sacrée, polythéisme, sacrifices d’enfants, transformation du temple en carrefour d’idoles, adultère, débauche, fraude, oppression, assassinat. Le voilà plongé au cœur d’une situation à l’opposé de son idéal personnel, social et politique. Il est rejeté par ses amis, moqué par ceux qu’il voudrait  pourtant sauver. Comble de souffrances, il est persécuté parce qu’il a choisi la cause de Dieu et le salut de ses concitoyens.

 Mais Jérémie ne désespère pas de Celui qui l’a appelé comme prophète. Il lui garde toute sa confiance : « c’est à toi que j’ai confié ma cause ». Jérémie sait que le Seigneur délivre le pauvre du pouvoir des méchants. Sous sa plume, le pauvre, c’est celui qui a renoncé à faire fortune pour se consacrer à Dieu. Celui qui ne se rend pas esclave des biens de ce monde, même s’il en possède légitimement sa part. Celui qui se met à l’écoute de la Parole de Dieu et s’efforce de suivre sa loi. L’attitude de Jérémie peut être la nôtre. Si nous mettions la tête dans le sable et nous feignions  d’ignorer ce qui ne va pas dans notre monde, nous aurions bonne conscience en nous dispensant d’agir. Jérémie ne manquerait pas de relever aujourd’hui la permanence des violences, des guerres économiques qui empêchent des millions d’hommes, de femmes et d’enfants d’accéder au minimum vital. Il  condamnerait les injustices grâce auxquelles certains s’enrichissent pendant que  d’autres sont condamnés à vivre dans la misère, sans ressources, sans eau potable, sans lumière comme dans la majorité des Africains des villages…Il relèverait l’abandon par beaucoup d’une morale fondée sur le respect de l’homme, premièrement du plus faible.

L’homme selon Jérémie ne peut ignorer qu’il est lui-même très imparfait. Nous  qui déplorons les violences, les guerres, sommes-nous des artisans de paix ? Luttons-nous contre les injustices que nous réprouvons quand c’est nous qu’elles atteignent ? Sommes-nous aussi exigeants quant au respect de la morale que nous le sommes pour condamner les autres ? Néanmoins, aussi désespérant que soit notre monde, aussi désespérante que soit l’Afrique aujourd’hui, nous pouvons y trouver des signes d’espérance.

(KS)








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