(RV) Alors que les Palestiniens appellent à une nouvelle journée de mobilisation en solidarité avec les grévistes de la faim jeudi 11 mai, la commission Justice et paix des Ordinaires de Terre sainte demande à Israël «d’entendre le cri des prisonniers». À Ashkelon, Nafha, Ramon, Hadarim, Gilboa et Beersheba, quelque 1 800 prisonniers politiques palestiniens poursuivent leur grève de la faim entamée il y a trois semaines, le 17 avril dernier, au nom de «la liberté et de la dignité», comme l’affirmait son instigateur, Marwan Barghouti. L’épouse du dirigeant du Fatah incarcéré il y a quinze ans et condamné à la perpétuité pour son rôle dans la seconde Intifada (2000-2005), Fadwa Barhouti a adressé une lettre au Pape François.
Intervenir avant qu'il ne soit trop tard
Dans ce courrier remis ce mercredi au responsable de l’Église catholique à Ramallah,
Fadwa Barghouti entend alerter le Saint-Père sur la situation des 6 500 Palestiniens qui
se trouvent actuellement dans les prisons israéliennes, dont 300 enfants, 57 femmes,
13 membres du parlement palestinien et 500 détenus administratifs. «Les tribunaux
israéliens, écrit-elle, sont un instrument d’oppression et non de justice, et en particulier
les tribunaux militaires où le taux de condamnation pour les Palestiniens varie de
90 à 99%». Reprenant les propos de son mari, elle revient sur les motivations
de cette grève de la faim. Constatant «un manque de la plupart de leurs droits
basiques», les détenus souhaitent «que les actions arbitraires et punitives
prennent fin, ainsi que les cas de torture, d’abus, et de négligences médicales intentionnelles». Les
prisonniers demandent le droit de pouvoir recevoir la visite de leurs proches et le
droit à l’éducation.
«Au nom de toutes les familles» de détenus, Fadwa Barghouti en appelle au
Pape pour qu'il intervienne «avant qu'il ne soit trop tard». Son intervention
depuis le Vatican permettrait aux prisonniers «abandonnés par le monde» «d'atteindre
le monde entier».
Les Ordinaires favorables à une libération
De son côté, la commission Justice et Paix de l’Assemblée des Ordinaires catholiques de Terre Sainte affirme dans un communiqué «la nécessité d’appliquer les lois internationales concernant les prisonniers politiques». Elle condamne le recours à la détention sans procès, à «toute forme de punition collective», autant que l’utilisation de la force et de la torture, «pour tout motif que ce soit».
«Nous ne pouvons jamais oublier que tout prisonnier est un être humain et sa
dignité, qui lui vient de Dieu, doit être respectée», écrit la commission qui
exhorte les autorités israéliennes à «entendre le cri des prisonniers», à
respecter leur dignité humaine, et à «ouvrir une nouvelle porte qui permette de
faire la paix». Ils estiment que la libération des prisonniers serait le signe
d’une vision nouvelle, et le début d’une nouvelle histoire pour les deux peuples,
israéliens et palestiniens.
Concernant Marwan Barghouti, surnommé «le Mandela palestinien» par ses partisans
et considéré comme un «terroriste» par Israël, plusieurs capitales étrangères
et le Parlement européen réclament sa libération, estimant qu'il pourrait jouer un
rôle dans les efforts pour tenter de trouver une solution au conflit avec Israël.
(MD avec SIR, AFP et Haaretz)
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