2017-05-03 18:06:00

France : aucune consigne de vote pour le second tour rappelle Mgr Pontier


(RV) L’élection présidentielle française divise les catholiques. Certains ont décidé de voter pour la candidate de l’extrême-droite, Marine Le Pen, d’autres choisissent le candidat d’En Marche ! Emmanuel Macron, d’autres préfèrent s’abstenir ou voter blanc. Si, lors du premier tour, ou des élections précédentes, ces différentes alternatives ne posaient pas de question, la présence, loin d’être anodine, au second tour de la candidate du Front National, change la donne. Dans ce contexte, les prises de position ou non des évêques, sont scrutées avec attention par les catholiques mais aussi par le reste de la population.

La Conférence des évêques de France n’a, jusqu’à présent, pris aucune position officielle, donnant simplement quelques éléments de discernement. Face aux critiques d’une partie de la classe politique ou de la communauté catholique, Mgr Georges Pontier, archevêque de Marseille et président de la Conférence des évêques de France, a tenu à répondre aux questions les plus fréquemment entendues depuis le premier tour.

Pas de consigne de vote

Pas question ainsi de donner une consigne de vote comme l’ont fait les protestants, les juifs ou les musulmans. « Il me semble que le rôle de l’Église est, plus que jamais, de ne pas prendre parti pour l’un ou l’autre candidat mais de rappeler à chaque électeur ce que notre foi nous invite à prendre en compte » explique ainsi Mgr Pontier. « Il appartient alors à chacun d’exercer, en conscience, son discernement propre et de voter. Nous n’avons pas à le faire à sa place, » souligne-t-il.

Il rappelle ainsi les critères déjà énoncés : « le respect de la dignité de toute personne humaine, l’accueil de l’autre dans sa différence, l’importance de la famille et le respect de la filiation, la nécessité de respecter la liberté de conscience, l’ouverture au monde, la juste répartition des richesses, l’accès au travail, au logement… Aucun programme ne remplit tous ces critères. C’est donc à chacun, à la lumière de l’Évangile, d’effectuer sa propre pondération et de voter en conscience. Ne retenir qu’un seul critère ne peut suffire à fonder entièrement un vote ».

Responsabilité de chaque évêque

Cette liberté donné à chacun est également valable pour les évêques. C’est de la responsabilité de chacun de s’exprimer estime Mgr Pontier qui considère que « l’exercice de cette responsabilité façonne notre Église dont la richesse même est d’être faite d’opinions et de tendances variées. Les évêques sont aussi des pasteurs, responsables d’un peuple et tout en respectant sa diversité, ils doivent veiller sans cesse à son unité en lui rappelant que seul le Christ est notre sauveur et notre lumière. Nous ne nous ferons pas voler notre idéal par des passions passagères. »

Concernant l’abstention, Mgr Pontier est plus catégorique. Il estime qu’il est « important de continuer à exercer sa responsabilité de citoyen. S’abstenir peut favoriser l’élection d’un candidat. Au second tour, la responsabilité du citoyen est grande. Elle ne peut pas se retirer. Il y a quand même des différences profondes entre les deux finalistes. Nous avons la chance d’être dans une démocratie, notre voix compte ».

Dans ce contexte tendu, Mgr Pontier reconnait que « la position de la Conférence des évêques de France n’est pas simple. Il serait plus facile de donner une consigne de vote ». Au-delà de ce débat, le président de la CEF considère qu’il « faudra sans doute que les politiques s’interrogent pour savoir comment nous en sommes arrivés à cette situation inédite où plus de 40% des Français au premier tour ont voté pour des extrêmes ». Une chose est sûre en tout cas pour lui, « la devise de notre pays est belle : liberté, égalité, fraternité. Elle est entre nos mains de citoyens ». (XS)








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