2016-11-21 15:34:00

Le cardinal Parolin appelle à sauver les pêcheurs de la traite


(RV) À l’occasion de la Journée mondiale de la Pêche, ce 21 novembre, le cardinal Pietro Parolin s’est exprimé à la FAO, l’organisation des Nations-Unies pour l'alimentation et l'agriculture. Dans ce discours d’ouverture, le Secrétaire d’État du Saint-Siège a rappelé l’importance du secteur de la pêche qui «représente une contribution décisive pour la sécurité alimentaire globale, le bien-être des hommes et la prospérité économique ». Il dénonce notamment le développement d’une pêche illégale qui met en péril les espèces marines et bafouent les droits de l’homme.

En effet, le poisson est un des produits alimentaires les plus commercialisés dans le monde, «et l’emploi, dans ce secteur, augmente à un rythme plus soutenu que celui de la population mondiale » souligne le cardinal Parolin. C’est donc dans les pays en développement que la pêche est particulièrement importante, où « les produits issus de ce secteur représentent souvent la moitié de la valeur totale des biens échangés », faisant ainsi vivre des communautés entières. 

Il ne suffit pas d’avoir une vision économique de la pêche, met en garde le prélat devant la FAO, mais il faut « garantir le bien-être de l’homme et la protection de l’environnement », à travers des actions internes et internationales qui promeuvent «une aquaculture durable et responsable». Par exemple, certaines espèces qui vivent dans les lacs, les fleuves, les mers ou les océans sont menacées de disparition par une pêche mal contrôlée, notamment des méthodes de pêche sélectives qui rejettent une grande partie des espèces récoltées et menacent le plancton, maillon indispensable de la chaîne alimentaire marine. «Il faut penser aux générations futures», appelle le cardinal.

L’autre point que soulève le Secrétaire d’État du Saint-Siège, c’est l’économie informelle et illégale qui s’est organisée au fil des ans dans le secteur de la pêche. « Deux siècles après l’abolition de la traite des esclaves, au moins 20,9 millions de personnes continuent de travailler sous la contrainte» et « 90% du travail forcé aujourd'hui est imposée par des opérateurs privés ». Des situations de grande précarité observées dans les coopératives comme pour les travailleurs embarqués sur les bateaux de pêche, isolés pendant de longues périodes et souvent « privés de contrats et de leurs droits les plus fondamentaux ». Face à cette situation, le Saint-Siège « considère fondamental le développement, en particulier, de la capacité de surveiller, identifier et sauver les pêcheurs victimes de la traite, du trafic et de traitement dégradant », c’est une « obligation morale et contraignante », insiste le cardinal Parolin.

Le prélat propose plusieurs réponses à ces activités illégales: mettre en place des «mesures légales plus strictes et des procédures qui bénéficieront aux migrants qui travaillent dans le secteur de la pêche ». Par exemple, de mettre en œuvre «des visas humanitaires, à court terme pour les travailleurs saisonniers ». Il appelle aussi chaque État à respecter la législation qui permet de faciliter le retour de ses ressortissants victimes de la traite ou de trafic. «Pour répondre aux exigences d’un monde qui change et qui est constamment à la recherche de justice, de solidarité, de dignité et de respect des droits de chacun, en particulier des plus vulnérables, chacun de nous est appelé à donner sa contribution selon ses capacités, pour libérer les esclaves du trafic pratiqué aujourd’hui à l’échelle mondiale ».

En conclusion, le cardinal Parolin résume les trois objectifs fondamentaux pour préserver le secteur de la pêche : «les aides pour les pêcheurs exploités et dégradés, de manière à faciliter leur réadaptation et leur réinsertion ; le respect par les États et les gouvernements des règles internationales existantes en matière de pêche et, en particulier, du travail dans ce secteur ; la lutte contre la contrebande et le trafic, avec des moyens, y compris des mesures coercitives, capables d'imposer l’état de droit et e respect des droits de l'homme. Le but ultime étant de préserver la légalité aussi en mer qui, depuis des siècles, est un signe de la liberté et de la civilisation.»








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