2016-11-07 07:21:00

Chypre vers une prochaine réunification?


(RV) Entretien - Ce lundi 7 novembre, cinq jours de négociations inter-chypriotes s’ouvrent à Genève en Suisse. Les dirigeants chypriotes grecs et turcs tentent le tout pour le tout afin de parvenir d’ici la fin de l’année à un accord sur la réunification de l’île. Cette île de la Méditerranée, située entre le sud de la Turquie et le Proche Orient, est coupée en deux depuis l’invasion de sa partie nord en 1974 par la Turquie ; Ankara réagissant à un coup d’Etat visant à rattacher le pays à la Grèce. 

Aujourd’hui, 250 000 Turcs dont 43 000 soldats sont installés aux cotés de 80 000 Chypriotes turcs dans la République turque de Chypre du Nord, qui n’est pas reconnu par la communauté internationale qui a imposé un embargo à ses habitants. Nombre d’entre eux émigrent, d’autres - environ 5 000- passent chaque jour les 9 points de passages vers le sud pour y travailler. Sur place, le niveau de vie est bien meilleur malgré une grave crise économique.

Que peut-on attendre de ce nouveau round de négociations? L'éclairage d'Etienne Copeaux, chercheur émérite au CNRS, historien et géographe et blogueur, spécialiste du monde turc. Il est interrogé par Marie Duhamel

Le processus de négociations a repris en mai 2015 avec l’élection de Mustafa Akinci au nord. Le libéral, comme son voisin du sud, le président Anastasiades se seraient déjà entendus sur un état fédéral, avec une présidence tournante, des territoires seraient par ailleurs restitués au sud.

De grands pas ont été accomplis, mais de nombreux problèmes demeurent. Les Chypriotes grecs ayant été contraints de fuir vers le sud en 1974 ont pour la plupart renoncé à récupérer leur bien, leur maison, leur commerce ou leur terre. Ils demandent toutefois une compensation. Mais qui va payer ? Autre problème majeur : la présence de soldats turcs au nord. Si la majorité des Chypriotes du nord souhaitent s’émanciper de leur protecteur du nord, la Turquie ne souhaite pas retirer ses troupes, a fortiori après le coup d’état raté de juillet 2016. La Turquie, en outre, justifie sa présence par un Traité tout à fait valide du point de vue du droit international. En 1960, lorsque les Britanniques se retirent de Chypre et que l’île a acquis son indépendance, celle-ci s’est faite sous la tutelle de trois états « garants » : la Grande Bretagne, la Grèce et la Turquie, autorisés à déployer des troupes sur place. C’est ce que fit la Turquie en 1974 pour protéger les 200 000 Chypriotes turcs, après un coup d’état à Nicosie, fomenté par la dictature des colonels grecs. (OB-MD)








All the contents on this site are copyrighted ©.