2016-05-16 18:59:00

François dresse le portrait du prêtre idéal aux évêques italiens


(RV) Le renouvellement du clergé est au coeur des réflexions de l’épiscopat italien. A l’occasion de l’ouverture de la 69e assemblée générale de la Conférence épiscopale italienne (CEI), au Vatican, le Pape François a ainsi centré son discours d’ouverture des travaux par une réflexion sur la figure du prêtre, sur ce qu’il doit être, et surtout, sur ce qu’il ne doit pas être. Dans la salle du Synode, il a développé sa pensée autour de trois axes : qu’est-ce-qui rend savoureuse la vie d’un prêtre ? pour qui et pourquoi s’engage-t-il dans son service ? et quelle est la raison ultime de son service ?

Dans un monde et une société qui évoluent, où les traditions ont changé, et qui fait peu de place à notre frère, le prêtre est tout d’abord comme Moïse, affirme le Pape. Il « a laissé les flammes brûler ses ambitions de carrière et de pouvoir. Il a dressé un bûcher pour y jeter la tentation de s’interpréter comme un “dévot” qui se réfugie dans un intimisme religieux qui n’a rien de spirituel. »

Dans ce contexte, le prêtre est « déchaussé ». « Il ne se scandalise pas des fragilités qui agitent l’âme humaine : conscient d’être lui-même un paralytique guéri, il est distant de la froideur du rigoriste comme de la superficialité de qui veut se montrer indulgent à bon prix ».

Autre travers dénoncé par le Pape François devant les évêques italiens, la bureaucratie qui trop souvent imprègne le clergé. « Notre prêtre n’est pas un bureaucrate ou un fonctionnaire anonyme de l’institution ; il n’est pas réservé à un rôle d’employé, il n’est pas motivé par des critères d’efficacité ».

Non à la mondanité

Le Pape insiste sur le fait que le prêtre « ne cherche pas des assurances terrestres ou des titres honorifiques qui poussent à compter sur les hommes : dans son ministère, il ne demande rien qui aille au-delà d’un réel besoin ; il ne se préoccupe pas non plus de se lier aux personnes qui lui sont confiées. Son style de vie simple et essentiel, toujours disponible, poursuit le Pape, le présente comme quelqu’un de crédible aux yeux des gens et le rapproche des humbles, dans une charité pastorale qui nous rend libres et solidaires. Serviteur de la vie, il marche avec le cœur et au pas des pauvres ; il s’enrichit de leur fréquentation. C’est un homme de paix et de réconciliation, attentif à diffuser le bien avec la même passion avec laquelle les autres prennent soin de leurs intérêts. » Et comme il l’a répété à de maintes reprises depuis son élection, François fustige « la mondanité spirituelle qui corrompt » ainsi que toute forme de « compromise et de mesquinerie ».

A sa deuxième question, le Pape François répond par l’appartenance à l’Église, « le sel de la vie du prêtre ». C’est elle qui fait de la « communion, vécue avec les laïcs dans des rapports qui sachent valoriser leur participation », le trait distinctif de cette vie. « Notre attitude dans nos relations est donc un critère décisif de discernement vocationnel ». Si se retrouver « dans le cénacle du presbytérat » est « vital », le prêtre doit libérer cette expérience de tout « narcissisme » et de « jalousies cléricales ».

S'engager à fond

Le Pape a également touché des aspects plus prosaïques comme celui de la gestion des structures et des biens économiques. « Evitez de vous enfermer dans une pastorale de la conservation qui fasse obstacle à la nouveauté pérenne de l’Esprit Saint. Maintenez seulement ce qui peut servir pour l’expérience de foi et de charité du peuple de Dieu ».

Enfin, le Pape François a incité les prêtres à s’investir pleinement. « Qu’ils sont tristes ceux qui dans la vie sont toujours un peu à moitié, avec le pied levé. Ils calculent, ils soupèsent, ils ne risquent rien par peur de se perdre. Notre presbytérat, au contraire, avec ses limites, se vit à fond ».  

Les évêques italiens auront l’occasion de débattre et de réfléchir sur les paroles du Pape François jusqu’à jeudi 19 mai. (XS)








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