2016-05-06 15:59:00

Prix Charlemagne : les responsables européens saluent le «Pape de l’espoir»


(RV) Entretien - Lors de la cérémonie de remise du Prix Charlemagne au Pape François ce vendredi 6 mai au Vatican, les principaux responsables européens se sont succédés pour saluer l’œuvre du Saint-Père en faveur de l’Europe.

«Envoyer un signal en faveur des fondements moraux et des valeurs humaines de l'Europe, continent où le respect et la miséricorde ne doivent pas être perdus» a commencé le maire d’Aix-la-Chapelle, où est habituellement remis le prix, Marcel Philipp, qui a ouvert la cérémonie. Le Président du Conseil européen Donald Tusk, a lui, salué le «Pape de l'espoir». Comme les présidents du Parlement et de la Commission européenne, il a évoqué la prise de conscience de la crise en Europe, mais aussi la confiance dans la force de collaboration, gardant à l'esprit l'appel du pape à un esprit humaniste européen.
La situation en Europe aujourd’hui est particulièrement difficile : la montée préoccupante des nationalismes, l’érosion du fondement culturel et moral, le manque de solidarité et l’instrumentalisation des religions. La réalisation d’un processus d’unité semble difficile à préserver et à défendre. On découvre que la mondialisation a le visage de milliers d'êtres humains qui frappent aux portes de l'Union européenne. C’est ce qui émerge des interventions des dirigeants européens qui, face au Pape, se demandent, allons-nous réussir ? Sommes-nous suffisamment forts, unis, humains ?

Pour cela, le maire d’Aix-la-Chapelle Marcel Philipp fait appel «au principe d’humanité et à l’attention de chacun». Le président du Parlement européen, Martin Schulz, souligne à son tour la nécessité de «renforcer ce qui nous uni et non ce qui nous divise», de «refuser la peur», «mauvaise conseillère de la politique». Pour le président de la Commission, Jean-Claude Juncker, «François, fils d’immigrés, à l'attitude humble et chaleureuse» regarde «l’Europe de l’extérieur», et nous donne des motifs d’espérer quand il affirme que «les difficultés peuvent devenir des promoteurs puissants d'unité».

Non aux murs, oui à l'homme

En se rendant sur l’île grecque de Lesbos, le 16 avril 2016, le Pape a montré aux Européens «ce que sont la solidarité et l’humanité», en rencontrant les jeunes à Sarajevo en juin 2015, il exhorte à «ne pas fermer les yeux sur les difficultés», dans son encyclique "Laudato si’", il rappelle que l’avenir est «inséparable du soin de l’environnement, du regard sur les souffrances des derniers» et que la vocation de l’Europe est «d’œuvrer pour la paix», pour que le monde entier «soit plus stable».

Les responsables européens ont alors redit "non" aux murs et à la fermeture, "oui" à l’homme, «non à l’intolérance et à la haine, oui à la liberté et à la diversité», a martelé Jean-Claude Juncker, appelant la jeunesse européenne à se lever. Face à la «crise de solidarité» que traverse l’Europe, a dit Donald Tusk en polonais, «le moment est venu de lutter pour l’Europe», «unissons les énergies, les cœurs et les talents pour affronter les multiples crises actuelles», et faisons vivre en Europe, «l’esprit de l’amour et de la liberté», parce qu’elle ne soit pas qu’une union institutionnelle. Aujourd’hui a déclaré le président du Conseil européen, «nous pouvons être orgueilleux de l’Europe».

Jean-Claude Juncker et Martin Schulz saluent les mots du Pape sur les migrants et les jeunes

Lors de la conférence de presse qui a suivi la cérémonie de remise du Prix Charlemagne, Jean-Claude Juncker et Martin Schulz ont salué, et approuvé, les propos du Pape, notamment ceux sur les migrants. «Nous ferons en sorte que le discours du Pape soit distribué dans toutes les capitales européennes», ont ainsi promis les deux dirigeants européens, espérant que chaque pays se sente ainsi concerné par la crise migratoire.

Martin Schulz s’est déclaré impressionné par le discours du Pape, particulièrement par sa conclusion. «C’est une source d’inspiration» pour ceux qui veulent se battre pour plus d’intégration, face à ceux qui souhaitent transformer l’Europe en une communauté d‘Etats qui se concurrencent les uns les autres.

Autres propos du Pape qui ont marqué le président du Parlement européen : ceux concernant la jeunesse. «Il faut lutter contre le chômage des jeunes», approuve Martin Schulz, s’inquiétant comme le Pape que la génération la plus éduquée qu’ait jamais connu l’Europe soit celle qui souffre le plus du chômage.

Durant la conférence de presse, Martin Schulz a également été interrogé par notre confrère du quotidien La Croix sur la définition, donnée par le Pape François dans son discours, d’une l’identité européenne «multiculturelle».

Jean-Claude Juncker a lui souligné un moment de grande émotion, d’encouragement pour continuer la construction de l’Union européenne.

Il a également profité de sa rencontre avec le Saint-Père pour lui faire part de la nomination d’un envoyé spécial de l’Union européenne pour la liberté de religion et de conviction dans le monde. Ce sera Jan Figel, un ancien commissaire européen slovaque. Pour Jean-Claude Juncker, la création de ce poste était une nécessité…

(BH-GC)








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