2016-04-16 18:42:00

Méditation pour le 4ème Dimanche de Paques


Mgr Bernard Munono, Official au Conseil Pontifical Justice et Paix, nous introduit à la méditation avec les lectures du 4ème Dimanche de Pâques

En méditant les lectures de ce 4ème dimanche de Pâques, il m’est venu à l’esprit une rencontre à laquelle j’ai participé récemment. Au moment de la lecture de la déclaration finale, les participants n’arrêtaient pas de dresser la liste des situations de détresse qui avilissent l’homme et ternissent sa dignité aujourd’hui.  Un des participants fit remarqué que si l’on continuait sur cette voie, l’on ne parviendrait jamais à dresser une liste exhaustive, tant elles sont innombrables dans notre monde les situations de détresse : anonymat, surtout dans les milieux urbains, indifférence face au sort des autres, égoïsme, exploitation de l’homme par l’homme, violence de tout bord, sans toutefois ignorer les actes de générosité, de solidarité et de compassion dont nous sommes témoins au quotidien.

Au milieu de cet anonymat et de cette indifférence résonnent ces paroles de l’Evangile : « Mes brebis écoutent ma voix ; moi, je les connais, et elles me suivent. » Jésus, qui vient de se présenter comme le Bon Pasteur, établit avec ses brebis des relations de proximité et d’intimité. Une image ordinaire mais hautement symbolique. Il suffit d’observer le comportement d’un berger face à son troupeau pour s’en apercevoir. Le berger parle à ses brebis, et ses brebis écoutent sa voix. Entre eux s’instaure l’écoute, le dialogue. Savons-nous encore écouter la voix du Seigneur qui nous parle de tant de manières au cœur de notre vie, ou préférons-nous plutôt écouter d’autres voix, celle des faux pasteurs, qui cherchent leur propre bien et non celui de leurs brebis, et qui, au lieu de se sacrifier et de donner leur vie pour elles, n’hésitent pas à les sacrifier pour sauver leur propre vie ? Pensons à tous ceux qui, dans la société et dans l’Eglise, ont une responsabilité particulière de gouverner, de guider, de conduire les autres, confiés à leurs soins ou placés sous leur responsabilité ou autorité : les parents, les enseignants, les éducateurs, les gouvernants, les guides temporels et spirituels. Que chacun s’interroge sur la façon dont il exerce son autorité sur ceux qui sont sous ses ordres. L’autorité de Jésus ne lui vient pas de l’oppression ou de la menace, mais de sa capacité d’écoute et d’amour, de pardon et de miséricorde.

« Je les connais, et elles me suivent ». Voilà la deuxième chose que Jésus dit de ses brebis dans l’Evangile. Un pasteur qui ne connait pas chacune de ses brebis, avec ses besoins, et qui ne les appelle pas par leurs noms, ne peut pas conduire efficacement son troupeau. Lorsqu’on ne se sent pas aimé, compris, connu, on ne se sent pas non plus motivé, engagé, impliqué, on reste indifférent, voire frustré. Et le troupeau, au lieu de demeurer uni et de suivre son berger, se disperse facilement et se laisse égarer par des faux bergers.

Frères et sœurs, nous sommes tous appelés à être des pasteurs, à prendre soin les uns des autres, à instaurer entre nous des rapports personnels. Face à la globalisation de l’indifférence, le Seigneur qui nous connait chacun par son nom ne cesse de nous demander : « où est ton frère ? où est ta sœur ? où est ton voisin et qu’as-tu fait de tes parents ? de l’étranger, du réfugié, du sans-abris, du prisonnier, du malade ? ». Etre gardiens les uns des autres comporte des souffrances, des sacrifices. Le Seigneur Jésus lui-même, qui nous conduit aux sources d’eau vive, est passé par la souffrance et la mort pour nous donner la vie. Les Actes des Apôtre nous parlent des difficultés rencontrées par Paul et Barnabé dans leur apostolat, mais aussi de leur courage pour continuer à annoncer l’Evangile à toutes les Nations. L’Apocalypse nous montre que ceux qui sont sauvés et rendent gloire à Dieu sont ceux qui « viennent de la grande épreuve ».

N’ayons pas peur de donner notre témoignage de la vérité, à temps et à contretemps, de briser les barrières qui nous enferment dans l’égoïsme, l’indifférence, le nationalisme, quels que soient les obstacles sur notre chemin. Et prions incessamment en ce dimanche du Bon Pasteur pour que le Seigneur envoie à son Eglise de bons pasteurs, saints et fidèles serviteurs de Dieu, collaborateurs de sa miséricorde infinie, qui prennent soin de son troupeau et lui montrent le chemin de la vie éternelle à laquelle tous sont appelés.

Amen








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