Lesbos, île symbole de la crise migratoire en Europe

(RV) Entretien - Ce samedi matin, l’avion papal s’envolera pour la Grèce. Ce voyage apostolique sur l’ile de Lesbos sera humanitaire et œcuménique. François se rendra notamment dans le camp de Moria avec le Patriarche de Constantinople et le primat de l’Eglise orthodoxe en Grèce. Ils y exprimeront leur proximité et leur solidarité aux réfugiés et au peuple grec, «si généreux dans l’accueil», a rappelé le Pape François lors de l'audience générale du 13 avril.

Il y a trois ans, en juillet 2013, alarmé déjà par les milliers de migrants morts en mer Méditerranée, le Pape François s’était rendu seul sur l’ile sicilienne de Lampedusa pour adresser au monde un appel à rejeter l’indifférence et à se montrer solidaires de ceux qui quittent leur maison, leur pays, leurs proches dans l’espoir d’une vie meilleure en Europe.

Derrière l’autel, une barque rejetée par la mer qu’on avait retournée, le Pape célébrait la messe, commentant dans son homélie le massacre des innocents par Hérode. François joint le geste à la parole : l’image de cette couronne de fleurs jetée à l’eau depuis un bateau des garde-côtes italiens à la mémoire des victimes avait saisi.

Quelques mois après ce déplacement, un naufrage bouleversa à nouveau l’Europe et ses dirigeants. En Octobre 2013, quelques 400 migrants mourraient noyés dans le naufrage de leur embarcation. Les dirigeants de l’Union européenne s’étaient alors empressé de proposer une solution. L’Italie lançait l’opération de sauvetage Mare Nostrum.

Aujourd’hui l’épicentre de la crise migratoire a changé. Les Médias braquent leur caméra sur l’ile de Lesbos, point de passage de la plupart des migrants venant du Moyen-Orient, où aujourd’hui ils sont des milliers à être bloqués en raison de la fermeture des frontières des pays voisins de la Grèce.

Laurence Argimon-Pistre, ambassadeur de la délégation de l'Union européenne auprès du Saint-Siège se réjouit de ce déplacement du Pape à Lesbos. Elle espère qu’il sera un détonateur comme le fut sa visite à Lampedusa.

Trois ans après, la route de Lampedusa reste extrêmement empruntée et dangereuse. 4 000 migrants ont été sauvés en deux jours cette semaine dans le canal de Sicile. 

Signalons que le 23 avril prochain, le président du Conseil européen Donald Tusk, le vice-président de la Commission Frans Timmermans et la chancelière allemande Angela Merkel se rendront en Turquie dans le cadre du suivi de l'accord UE-Turquie sur les migrants conclu le 18 mars. Cet accord prévoit le renvoi vers la Turquie de tous les migrants arrivant désormais de manière irrégulière sur les îles grecques, y compris les demandeurs d'asile. En contrepartie, pour chaque Syrien renvoyé en Turquie, l'UE accepte d'en "réinstaller" un autre depuis la Turquie, dans la limite de 72 000 personnes.

(CV-MD)