Pédophilie : la priorité des évêques de France est l’écoute des victimes

(RV) Mgr Georges Pontier a été réélu à la présidence de la Conférence des évêques de France dont l’assemblée plénière de printemps s’est achevée ce vendredi 18 mars 2016, à Lourdes. L’archevêque de Marseille est réélu pour un second et dernier mandat de trois ans, tout comme ses deux vice-présidents, Mgr Pierre-Marie Carré, archevêque de Montpellier et Mgr Pascal Delannoy, évêque de Saint-Denis. Cette réélection était attendue. Agé de 72 ans, Mgr Pontier est considéré comme une figure d’ouverture et d’apaisement alors que l’Eglise de France est fortement ébranlée par des affaires de pédophilie visant l’une de ses figures les plus éminentes : le cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon. 

Au terme de leur assemblée, tenue à huis clos, les évêques de France réaffirment «que leur première préoccupation est bien l’écoute et l’accompagnement des victimes, la souffrance ne connaissant pas de prescription». Ils rappellent «les efforts importants entrepris depuis 15 ans pour lutter contre la pédophilie au sein de l’Église de France». Se déclarant «conscients de la vigilance à exercer quelles que soient les circonstances», ils annoncent avoir «décidé de travailler précisément les questions nouvelles qui se posent à eux dès la prochaine séance du Conseil permanent en avril». Ils engageront ce travail en lien avec la « cellule de veille sur la pédophilie » dont la composition sera enrichie de nouvelles compétences.

Une nouvelle brochure contre la pédophilie

Par ailleurs, la CEF confirme la parution prochaine d’une nouvelle édition de la brochure « Lutter contre la pédophilie » ainsi que de fiches pratiques à destination des évêques, issues des réflexions menées lors des Assemblées plénières de 2015.

Les évêques ont par ailleurs adressé un message aux Chrétiens d’Orient : « Avec nos frères Chrétiens d’Orient, nous redisons l’urgence d’agir ». Dans ce texte, ils évoquent l’exode des chrétiens du Moyen-Orient. «Il y a 18 mois, les chrétiens ont été chassés de Mossoul et de la Plaine de Ninive en Irak. Des familles sont brisées, des enfants sont déscolarisés. La situation des personnes réfugiées et déplacées en Turquie comme en Jordanie ou au Liban est très préoccupante» affirment-ils.

«A la suite du Pape François et des évêques d’Orient, nous demandons que tout soit fait pour l’arrêt des combats, pour l’acheminement de l’aide humanitaire aux populations sinistrées et pour le retour des populations déplacées sur leur terre. Les chrétiens irakiens et syriens sont facteurs de paix dans leur pays ; il serait dramatique qu’ils disparaissent de la carte du Moyen-Orient». Les évêques de France demandent aussi «aux autorités publiques françaises et internationales de ne pas relâcher leurs efforts pour aider les minorités vulnérables, comme les Yézidis et les Chrétiens». Ils se disent inquiets «face aux lenteurs et aux difficultés d’obtention de visas pour la France pour les réfugiés et les déplacés à Erbil en Irak». «Il est urgent de retirer aux groupes terroristes les moyens de nuire, en Orient comme ailleurs» déclarent-ils, annonçant que «Mgr Georges Pontier se rendra au Kurdistan pour signifier concrètement le soutien de l’Eglise de France à nos frères d’Orient».

Dialogue avec les musulmans

Les évêques français, font également savoir que lors de cette assemblée ils ont «voté le principe d’établir une charte, partagée par l’ensemble des diocèses, sur l’accueil et l’accompagnement des prêtres venus d’autres pays».

Ils ont également indiqué qu’ «une part importante» de leur travaux «a été réservée à la question du dialogue avec les musulmans». Réunis en forums, les évêques ont pu échanger sur les sujets suivants : l’école catholique et l’Islam ; la formation chrétienne dans une société où l’Islam est présent ; la place des communautés religieuses dans notre société et particulièrement la place de l’Église ; la vie chrétienne dans un monde sécularisé et pluraliste ; le Service diocésain pour les relations avec les musulmans. Ils ont rappelé l’importance du dialogue tout en soulignant les complexités éventuelles.

Une séquence a également été consacrée aux réseaux sociaux et à leurs enjeux pour le ministère épiscopal. (HD)