2016-03-11 12:45:00

Fin des Exercices spirituels à Ariccia : Dieu s'exprime dans la vie ordinaire


(RV) Dieu est toujours proche de l’homme, dans une proximité “domestique”, proche de ses besoins quotidiens. Cela a été l’expérience de Marie dans ses 30 années à Nazareth, «sans clameurs» ni «visions». Le père Ermes Ronchi l’a rappelé dans la matinée de ce vendredi 11 mars 2016 à Ariccia, au terme de la retraite spirituelle du Pape François et de la Curie romaine. La réflexion du prédicateur était centrée sur le récit évangélique de l’Annonciation.

«Un jour quelconque, dans un lieu quelconque, une jeune femme quelconque». La scène d’un évènement «colossal», l’ange qui visite Marie à Nazareth, arrive dans un contexte de normalité désarmante.

«Dieu est en cuisine»

Le père Ronchi a proposé au Pape et à la Curie un voyage dans les versets de l’Annonciation, l’évènement qui, a noté le prédicateur, «arrive dans le quotidien, sans témoins, loin des lumières et des émotions du Temple». «La première annonce de grâce de l’Évangile a été transmise dans la normalité d’une maison», donc dans le lieu où chacun est lui-même. Et c’est là que «Dieu t’effleure et te touche», a insisté le père Ronchi.

«Sainte Thérèse d’Avila, dans le "Livre des Fondations" (…) a écrit pour ses moniales une lettre, avec ces mots : "mes sœurs, souvenez-vous, Dieu va parmi les marmites, en cuisine". Mais comment, le Seigneur de l’univers qui se déplace dans la cuisine du monastère, entre les brocs, les marmites, la vaisselle, les casseroles, les poêles ? (…) Dieu en cuisine, cela signifie emmener Dieu dans un territoire de proximité (…). Si tu ne le sens pas domestique, c’est-à-dire dans les choses les plus simples, tu n’as pas encore trouvé le Dieu de la vie. Tu en es encore à la représentation rationnelle du Dieu de la religion.»

Promesse de bonheur

Nous regardons Marie, a affirmé le prédicateur, justement «pour tenter de raccommoder la brèche la plus dramatique de notre foi» : le «Dieu de la religion» s’est séparé du «Dieu de la vie». La femme de Nazareth, a-t-il poursuivi, «comme femme de maison, nous lance un défi énorme : passer d’une spiritualité qui se fonde sur la logique de l’extraordinaire à une mystique du quotidien». Et dans ce quotidien, le sentiment qui prévaut est la joie, qui se sent dans les premières paroles de l’Annonciation : «Réjouis-toi, Marie». Parce que quand Dieu se rapproche, il «apporte une promesse de bonheur».

«À nous qui sommes lestés de gravité, de pesanteur, de responsabilité aussi, Marie rappelle que la foi est confiance joyeuse, ou n’est pas la foi (…). Marie entre en scène comme une prophétie de bonheur pour notre vie, comme une bénédiction d’espérance, consolante, qui descend sur notre mal de vivre, sur les solitudes endurées, sur les tendresses niées, sur la violence qui nous piège mais qui ne gagnera pas, parce que la beauté est plus forte que le dragon de la violence, assure l’Apocalypse. Et l’ange, avec cette première parole, dit qu’il y un bonheur dans le fait de croire, un plaisir de croire.»

À l’œuvre dans nos maisons

Marie, ensuite, a indiqué le père Ronchi, «entre en scène comme une femme qui croit dans l’amour». «L’Ange, lit-on dans l’Évangile, a été envoyé à une vierge, épouse promise à un homme appelé Joseph». Selon l’évangéliste Luc, a relevé le prédicateur, l’annonce est faite à Marie, alors que selon Matthieu, elle est faite à Joseph :

«Mais si nous superposons les deux Évangiles, nous voyons avec joie que l’annonce a été faite au couple, à l’époux et à l’épouse ensemble, au juste et à la vierge, ensemble, amoureux (…). Et Dieu est à l’œuvre dans nos relations, il parle dans les familles, dans nos maisons, dans le dialogue, dans le drame, dans la crise, dans les doutes, dans les élans (…). Dieu ne vole pas de l’espace à la famille, il n’envahit pas, il ne blesse pas, il ne retire pas, il cherche un oui pluriel qui devient créatif parce qu’il est la somme de deux cœurs, la somme de nombreux rêves et de beaucoup de travail patient.»

Une foi granitique ou fragile, parce qu’authentique

Enfin, Marie sait demander à Dieu, elle demande comment pourra arriver ce qui lui a été exposé. «Avoir de la perplexité, poser des questions est une façon d’être devant le Seigneur avec toute la dignité humaine», a soutenu le père Ronchi. «J’accepte le mystère, mais en même temps j’utilise toute mon intelligence. Je dis quelle sont mes voies, et ensuite j’accepte les voies au-dessus de moi».

«Il n’est dit nulle part que la foi granitique soit meilleure que la petite foi entrelacée par des questions. Il suffit qu’elle soit authentique (…), celle qui dans sa petitesse a encore plus besoin de Dieu. Et en fait, ce qui me donne de l’espérance, c’est de voir comment, dans le peuple de Dieu, continuent à grandir les questions, personne ne se contente plus de paroles déjà entendues, de réponses formatées, ils veulent comprendre, aller plus au fond, ils veulent s’approprier la foi. Un temps durant lequel tous se taisaient devant le prêtre était un temps de meilleure foi ? Je crois que c’est vraiment le contraire, et si cela est plus fatiguant pour nous, c’est aussi un alléluia, un finalement.»

Le père Ronchi a conclu sa méditation en revenant sur la maternité de Dieu. «Sans le corps de Marie, l’Évangile perd corps». Et tous les chrétiens «sont appelés à être mères de Dieu, parce que Dieu a toujours besoin de venir au monde».

(CV)

 

 








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