2016-03-05 11:33:00

Le choc au Honduras après le meurtre d'une militante écologiste


(RV) «Trouver avec tous les moyens possibles les responsables de ce crime abominable» : c’est la volonté exprimée par le président du Honduras, Juan Orlando Hernandez, aux forces de l’ordre après le meurtre, jeudi 3 mars, de Berta Caceres, l’activiste indigène qui en 2015 avait obtenu la plus grande reconnaissance mondiale pour la lutte environnementale, le prix environnemental Goldman.

En octobre 2014, elle avait participé à la Rencontre mondiale des Mouvements populaires avec le Pape François au Vatican, en prenant la parole sur l’urgence de prendre soin de la Création.

Malgré les nombreuses menaces reçues, Berta Caceres n’avait pas d’escorte. Erika Guevara-Rosas, responsable pour les Amériques à Amnesty International, affirme que «le meurtre de Berta pouvait se prévoir depuis des années». Cette femme de 43 ans, représentante de l’ethnie lenca, avait participé à la fondation en 1993, du Conseil national des Organisations populaires et indigènes du Honduras (Copinh), institué pour améliorer les conditions de vie des populations locales, en combattant en particulier les activités de déboisement illégal. Deux autres membres du Conseil avaient déjà été tués.

Berta Caceres avait déclaré que le projet de barrage "Agua Zarca", avec une retenue sur le fleuve Gualcarque, mettait en danger «l’approvisionnement en eau, en aliments et en médicaments de centaines d’indigènes». En recevant le prix Goldman, elle avait déclaré : «Au Honduras, 30% du territoire a été confié aux multinationales de l’industrie minière pour des projets guidées par une optique néolibérale, selon laquelle l’éngergie n’est plus un droit fondamental pour l’humanité.»

Fausta Speranza, du service italien de Radio Vatican, a interrogé Billy Kyte, de Global Witness, l’organisation internationale qui dénonce les liens entre abus environnementaux, corruption et conflits. Il avait travaillé avec Berta Caceres et parle de ses engagements.

«Je l’avais rencontrée à diverses occasions, je la connaissais bien. Nous avions écrit ensemble l’introduction à un rapport qui a été publié l’an dernier sur le meurtre d’activistes environnementaux, un des derniers endroits au monde dans lequel un activiste voudrait se trouver… J’étais avec elle aussi à la présentation du prix international Goldman, qu’elle avait remporté, et qui est la plus prestigieuse reconnaissance dans le domaine de la défense de l’environnement. Sa mort est une grande perte.

Quel héritage laisse Berta Caceres ?

Elle laisse l’héritage de la lutte pour les droits des indigènes au Honduras, et pas seulement. Elle reste une icône et un phare de cette lutte dans un pays dans lequel, malheureusement, les droits des indigènes ne sont pas reconnus, ni appliqués ni diffusés. Bien que le Honduras ait signé diverses conventions au niveau international qui garantissent aux populations indigènes le droit de décider de leurs terres, en pratique cela ne s’est jamais concrétisé. La nouvelle de sa mort a maintenant fait le tour du monde. La cause qu’elle soutenait est désormais connue du monde. Nous, comme organisation, nous demandons une enquête internationale et indépendante sur sa mort, et une protection légale pour sa famille et ses collègues.

Qu’est-ce que l’on peut dire des intérêts illicites que Berta a toujours cherché à combattre ?

Une des causes les plus importantes qu’elle était en train de mener était l’opposition à la construction d’un barrage hydroélectrique sur le Rio Blanco, sur les terres des indigènes. Elle avait reçu de nouveau des menaces de mort, parce qu’elle avait repris sa lutte pour défendre le fleuve sacré du peuple Lenca, unique source d’eau potable pour beaucoup. Sa lutte avait repris fortement : ensemble avec d’autres activistes, ils protestaient encore, et encore, contre ce barrage, que l’on veut construire sur leurs terres sans la moindre consultation de la population.

(CV)

 

 

 








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