2016-01-28 14:40:00

La Fondation Abbé-Pierre livre son rapport sur le mal-logement en France


(RV) La Fondation Abbé-Pierre pour le logement des défavorisés a diffusé, ce 28 janvier 2016, son 21e rapport annuel sur le mal-logement en France. Le constat est alarmant, alors qu'un sondage TNS Sofres d'octobre 2015 rappelle que trois Français sur quatre jugent leur pays comme inégalitaire, le logement leur apparaissant comme la troisième source d'inégalités la plus grave et la deuxième la plus répandue. 

La Fondation Abbé Pierre analyse le logement comme «un facteur majeur dans l'approfondissement des inégalités, au coeur du processus de décrochage des couches populaires». Elle rappelle qu'il s'agit là d'un enjeu majeur de santé publique, dans la mesure où «la précarité énergétique, l’insalubrité, l’indignité des logements ou l’absence de domicile personnel ont des conséquences très graves sur l’état de santé de centaines de milliers de personnes (maladies respiratoires, allergies, troubles alimentaires, troubles du sommeil, dépression, stress...)».

Le rapport précise que les carences des politiques de logement et de santé s’alimentent mutuellement et sacrifient les personnes les plus vulnérables, en particulier celles qui souffrent de troubles psychiatriques. Aujourd’hui, 1/3 des personnes à la rue ont des troubles psychiatriques sévères alors que 60 000 lits en hôpital spécialisé ont été fermés au cours des dernières décennies, sans alternatives à la hauteur des besoins.

Ce 21e rapport consacre également un chapitre à la lutte contre la ségrégation urbaine., rappelant qu'au-delà des promesses gouvernementales, il faut améliorer les conditions de vie dans les quartiers populaires en s'intéressant au sort des habitants «ici et maintenant». Le rapport appelle à «produire du logement abordable dans les quartiers qui en manquent notamment en renforçant la loi SRU et attribuer les logements accessibles aux ménages prioritaires ; mobiliser le parc privé ; renforcer les intercommunalités en leur donnant pleinement la charge de l'habitat....» Ces politiques doivent pouvoir dessiner un «socle républicain» capable de dépasser les contradictions entre mixité et droit au logement.

Statistiques alarmantes

Comme chaque année, ce rapport dresse le tableau de bord du mal-logement à partir de chiffres actualisés, notamment grâce à une exploitation inédite de l’enquête Logement 2013 de l’Insee fortement attendue, et du suivi des politiques du logement de l’année écoulée. Il montre la dégradation alarmante de nombreux indicateurs, qu’il s’agisse du nombre de personnes sans domicile, en précarité énergétique, en effort financier excessif ou en hébergement contraint chez des tiers.

L’objectif affiché au début du quinquennat de François Hollande, en 2012, de dynamiser la construction tout en maîtrisant les hausses de prix du logement, a été abandonné en 2014. Au lieu des 150 000 logements sociaux attendus, seuls 109 000 ont été financés en 2015, en baisse annuelle de 9%. Par ailleurs, malgré le lancement salué, au début de l’année 2015, d’un plan de réduction des nuitées hôtelières, le recours à l’hôtel, coûteux et inadapté aux familles, poursuit sa hausse : + 23 % en 2015, pour atteindre 40 000 nuitées quotidiennes à la fin de l’année.

La volonté affichée de privilégier le logement pérenne plutôt que l’hébergement d’urgence ne se traduit pas clairement dans les actes ou dans le budget... Et le nombre de ménages reconnus prioritaires au Droit au logement opposable (Dalo) restant à reloger ne cesse d’augmenter.

Devant de tels constats, le mot d’ordre de la Fondation est clair : «le combat doit plus que jamais continuer».

(CV- Fondation Abbé-Pierre)








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