2016-01-09 10:06:00

Méditation du dimanche du Baptême du Seigneur


Le Père Jésuite Antoine Kerhuel nous introduit à la méditation avec les lectures du dimanche du Baptême du Seigneur

(RV) Aujourd´hui, nous célébrons le baptême du Seigneur. Arrêtons-nous plus longuement sur l’Evangile de ce dimanche, car la scène décrite par Saint Luc est vraiment étonnante. Jean baptise dans la rivière du Jourdain, et une foule se tient autour de lui. Jean intimide, mais il est aussi admiré, et il éveille la curiosité : « ne serait-il pas le Messie ? » se demandent tous ceux qui accourent vers lui. Le Messie est celui qui ouvrira pour le peuple d’Israël une ère de justice, de liberté et de prospérité. Tout le monde l’attend. Eh bien, Jean ne joue pas avec cette interrogation dont il pourrait pourtant tirer un profit personnel. Au contraire, il s’empresse de détromper ceux qui verraient en lui l’Envoyé attendu avec impatience. Jean dit à la foule : « il vient, celui qui est plus puissant que moi ; il vous baptisera dans l’Esprit Saint et dans le feu ».

Et voilà que Jésus se tient au milieu de cette foule. Comme tous les autres, il se fait baptiser par Jean, et il prie. C’est alors, et alors seulement, que – nous raconte l’évangéliste Luc – les cieux s’ouvrent et que l’on entend une voix qui, du ciel, dit : « C’est toi mon Fils : Moi, aujourd’hui, je t’ai engendré ».

Dans ce récit est donc annoncée la puissance de Jésus. Loin d’apparaître dans une mise en scène splendide (avec, je ne sais pas, un cortège de dignitaires habillés de vêtements luxueux et conduits par de grosses voitures), cette puissance se donne à voir dans l’humilité de cet homme, Jésus, qui, se mettant lui-même au milieu de la foule, fait ce que tous les autres font en allant voir Jean-Baptiste au Jourdain : il reçoit un baptême de conversion. Jésus ne revendique pas une quelconque préséance, il ne cherche pas à se faire admirer, il ne désire pas s’imposer par lui-même … non, il est là, au milieu des gens de son temps ; et, au milieu des gens ordinaires de son temps, sa dignité de Fils de Dieu est énoncée par un autre. Une voix, du ciel, se fait entendre : « C’est toi mon Fils : Moi, aujourd’hui, je t’ai engendré ».

Ce récit se trouve au début de l’Evangile de Luc, et – d’une certaine façon – on peut dire qu’il donne le ton à l’ensemble du récit évangélique. La manière de faire de Jésus est surprenante : elle consiste à être avec les hommes et les femmes de son temps pour leur faire reconnaître que leur vie est habitée de la présence de Celui qui suscite, ou ressuscite, en chacun et en chacune sa dignité d’enfant de Dieu. Sans cesse, l’Evangile nous invite à comprendre – et à accepter – que tout être humain est « enfant de Dieu ». Cette qualité d’enfant de Dieu n’a rien à voir avec la nationalité, la richesse, la couleur de la peau, la beauté, la force ou l’intelligence. Cette qualité n’a rien à voir non plus avec les cahots de la vie, qui font que l’histoire de chacun et de chacune d’entre nous n’est pas habitée uniquement par de belles et grandes actions. En d’autres termes, Jésus nous rappelle que rien ne saurait nous séparer de la miséricorde de Dieu. Dieu ne nous aime pas parce que nous serions sans péché ; il nous aime parce qu’il est Dieu … et lorsque nous comprenons – et acceptons – cela, alors nos vies sont transformées. Etre baptisé dans l’Esprit et le feu, c’est peut-être faire cette expérience : reconnaître que la qualité de notre vie ne dépend pas de ce que nous prétendrions être (par notre statut social, par nos qualités diverses, que sais-je encore ?) mais plutôt de ce que le Seigneur fait en nous lorsque nous nous ouvrons sans réserve à son amour.

A la suite de Jésus, entrons dans cette expérience du baptême où notre dignité est pleinement reçue comme un don de ce Dieu auquel nous nous adressons si souvent en lui disant les paroles du « Notre Père ». (KS)








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