Législatives en Espagne : un scrutin incertain

(RV) Entretien - Dimanche 20 décembre 2015, les Espagnols élisent leurs députés. Pour la première fois depuis le retour de la démocratie il y a quarante ans, le scrutin s’annonce particulièrement incertain. La crise économique et sociale qui a frappé violemment le pays en 2008 et dont les effets se font toujours sentir sur une société fragilisée, a permis l’émergence de deux nouvelles formations politiques qui jouent les trouble-fêtes.

Créé en 2006 en réaction au nationalisme catalan, Ciudadanos (Citoyens) dirigé par le jeune Albert Rivera, 36 ans, s’impose au centre de l’échiquier politique. Champion de la lutte contre la corruption, il se veut comme le pont entre la droite et la gauche et le meilleur rempart pour l’unité de l’Espagne, menacée par les forces centrifuges des nationalismes, au premier rang desquels celui de la Catalogne.

Autre formation récente, Podemos (Nous pouvons), mouvement populaire né du mécontentement des Espagnols aux pires heures de la crise économique. Situé plutôt à l’extrême-gauche, son chef, Pablo Iglesias,a modéré son discours pour se recentrer, au prix d’une baisse dans les sondages.

Face à ces deux nouveaux venus, les deux partis qui se partagent le pouvoir depuis les années 1980, le Parti Populaire, actuellement au gouvernement, et le Parti socialiste, le PSOE, risquent de ne pas disposer d’une claire majorité à l’issue des législatives. Mariano Rajoy, le président du gouvernement, malgré la reprise timide de l’économie et une baisse légère du chômage, ne parvient pas à convaincre les Espagnols de lui maintenir la confiance. Quant aux socialistes, ils peinent à être perçus comme la seule alternative valable.

Interrogée par Xavier Sartre, Sylvia Desazars de Montgaillard, politologue et spécialiste de l’Espagne, revient sur ce paysage espagnol en pleine recomposition et tout d’abord sur les raisons du succès de Ciudadanos et de son leader, Albert Riva

(MD-XS)