2015-12-13 18:14:00

L'ouverture du Jubilé, une lueur d'espérance pour les chrétiens d'Alep


(RV) Entretien - Le Pape François a ouvert la Porte sainte de la basilique Saint-Jean Latran, la cathédrale de Rome, ce dimanche 13 décembre. C’est le troisième seuil franchi par le Saint-Père dans le cadre de cette Année jubilaire de la Miséricorde, après la cathédrale de Bangui et celle de la basilique Saint-Pierre.

Partout dans le monde, d’autres Portes saintes ont été ouvertes ce week-end, à Erbil, Jérusalem, Barcelone, en Chine, ou ce samedi 11 décembre à Alep, en Syrie, dans la paroisse Saint-François du quartier Aziziyeh. C’est la seule église utilisable dans la zone, les autres ont été détruites ou endommagées.

Dans un pays où la situation des chrétiens est difficile, c’était un signe d’espérance très fort pour Georges Sabé, frère mariste à Alep en Syrie. Il est interrogé par Sarah Bakaloglou. 

«Il est vrai que la ville était un peu dans l’obscurité, malgré cela nous avons pu célébrer avec tous nos pasteurs. Le petit nombre de fidèles, resté à Alep, était présent pour écouter d’une part la parole de Dieu et d'autre part pour prier sur le thème de la Miséricorde avec les intentions du Saint-Père. Alep n’a pas voulu manquer ce rendez-vous de l’espérance et de la Miséricorde, que ce soit pour demander à Dieu «miséricorde» pour tout ce qui arrive dans la ville et aussi pour être miséricordieux avec tout ce qui se passe autour de nous dans notre ville. Nous pensons que cette expérience que nous allons vivre de la miséricorde va nous donner cette force pour continuer à vivre et à espérer dans la lumière malgré l’obscurité et l'horizon incertain qui nous demande de quelle manière on va avancer.

Vous avez dit qu’il y a eu beaucoup de joies et d’émotions pendant la cérémonie, est-ce un signe d’espérance pour un pays ravagé par la guerre ?

Vous savez nous sommes en train de vivre malgré tout le désespoir que peut entrainer une guerre. Nous sommes en train de vivre une expérience profonde, spirituelle, de la rencontre avec Dieu, de solidarité. L’église Saint-François a reçu il y a presque un mois un mortier qui a touché la coupole de l’église. C’est très symbolique. La menace est réelle. À tout moment nous pouvons être atteindre, mais les gens ont pris leur courage et sont venus pour prier et faire partie de cette grande église réunis autour du Pape François. Nous croyons que nous sommes aujourd’hui en train d’oser vivre l’espérance et la Miséricorde malgré toute la peur qui peut nous inciter à nous enfermer et à être bloqué parfois devant les signes de haine et de terreur ou bien de désespoir.

À ce propos, comment est la situation à Alep ? Vous disiez dans votre lettre que vous étiez privé d’électricité depuis plus de 50 jours.

Je dois ajouter que nous sommes à nouveau privés d’eau, c’est misérable. Je vous assure que c’est une vie misérable. On nous donne de l’eau pour un ou deux jours puis on nous la coupe de nouveau. Alors vous pouvez imaginer la situation dans une ville avec un froid glacial. Aujourd’hui la cathédrale n’était pas chauffée, on avait quelques lumières parce qu’il y a un générateur dans l’église mais nous sommes dans une situation humainement parlant «misérable». L’autre jour un Aleppin disait : «quand vous êtes à Alep, on n’êtes pas en train de vivre». Moi je réponds: «nous sommes en train de vivre malgré tout cela.» Même s'il est vrai que nous avons peur, que nous sommes en train de vivre une situation dramatique,que nous sommes privés de l’eau et de l’électricité. Au moins pour le moment nous avons la route qui nous relie au monde qui est ouverte bien qu'elle ait était bloqué pendant 13 jours. C’est-à-dire que les conditions de vie ne sont pas faciles, malgré cela les gens veulent vivre, veulent rester imprégner de cette espérance qui nous aide. Il y a aussi le drame des familles qui sont dans un moment critique: les familles prennent parfois la décision de quitter la ville, quitter leur histoire, leur patrimoine, leur travail. Abandonner tout et partir ailleurs comme immigré. C’est un drame qui nous fait perdre beaucoup de chrétiens et d’autres citoyens de la ville d’Alep ou du pays. Malgré tout, l’église, les religieux et les religieuses, les laïcs voulons vivre ici comme un signe d’espérance pour ce pays. C’est l’unique chose que nous puissons encore témoigner dans un pays ravagé par la guerre et par la haine.»

(CC-CV-SB)

 








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