2015-11-28 16:27:00

Bangui, ville blessée par la guerre, se prépare à recevoir le Pape François


(RV) Après l’Ouganda c’est donc en République centrafricaine qu’est attendu ce dimanche matin le Pape François, dernière étape de son voyage, la plus délicate en terme de sécurité. La plus symbolique aussi, c’est depuis la capitale centrafricaine que le Saint-Père, dans un geste historique, ouvrira la porte sainte de la cathédrale de Bangui, neuf jours avant l’inauguration officielle du Jubilé de la miséricorde, le 8 décembre au Vatican.

La Centrafrique est un pays ravagé par plus de deux ans d’un conflit intercommunautaires qui oppose les forces de la Séléka, à majorité musulmane, aux anti-balaka, à majorité chrétienne. Un pays, où dans certaines régions les milices règnent en maitre et ou la violence et la pauvreté ont jeté sur les routes des centaines de milliers de personnes. C’est à la rencontre de ce peuple qui souffre que se rend le Pape François, dans un climat à la fois fébrile et plein d’espoir.

Le compte-rendu de Romilda Ferrauto, notre envoyée spéciale à Bangui.

Si vous allez à Bangui, attention à ne pas vous faire détrousser. A la faveur du chaos, c’est le petit banditisme urbain qui a pris le dessus après des mois d’affrontements entre milices armées. D’autant qu’on peut encore, parait-il, se procurer des armes bon marché : une grenade au prix d’un kilo d’arachides, parfois sous le regard impuissant des forces internationales. 

Ici la pauvreté est extrême, le ras-le-bol généralisé, souligne un humanitaire. L’histoire des ressources du sous-sol qui suscitent la convoitise des grandes puissances, c’est une légende, ajoute-t-il. Le problème, c’est la mauvaise gouvernance, la corruption et surtout, les carences coupables en matière d’éducation. Il n’y a plus d’Etat en Centrafrique.

Le Pape François ne pourra pas ne pas voir le camp de réfugiés installé à la lisière de la piste d’atterrissage dans l’enceinte de l’aéroport. Il verra les nombreuses pancarte et banderoles qui saluent son arrivée, chacune à sa manière, dans le plus grand désordre. Elles foisonnent sur les murs décrépis et les façades des bâtiments délabrés, certaines déjà recouvertes de cette terre rouge qui se dépose partout, sur les hommes comme sur les maisons, y compris à l’intérieur des véhicules.

Le Saint-Père verra le dénuement le plus total, le désespoir. Mais il ne verra probablement pas la peur qui tenaille la population quoi qu’on en dise. Cette peur, ces jours-ci, elle est camouflée par la joie et l’espoir de la venue du Pape François, et puis on verra ce qui se passera après son départ. Ici on a l’habitude des rechutes. Partout, les travaux d’aménagement prévus pour cette visite semblent loin d’être terminés. Peu importe, au fond, car les cœurs, eux, sont déjà prêts à accueillir cet homme de Dieu qui peut les aider à sortir de l’enfer.

(CV-RF)








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