2015-11-27 14:43:00

En France, «c'est encore le temps des larmes»


(RV) Deux semaines après les attentats de Paris et de Saint-Denis qui ont fait 130 morts, la France s'est recueillie aujourd'hui à la mémoire des victimes de cette tragédie. Une cérémonie s'est tenue aux Invalides, sous la conduite du président de la République François Hollande. De nombreux proches des victimes ont assisté à cet hommage, pour cet évènement parfois décrit comme le premier "acte de guerre" commis sur le territoire de la France métropolitaine depuis la fin de la Seconde guerre mondiale.

Même la classe politique, à 10 jours du premier tour des élections régionales, avait mis ses divisions entre parenthèses. De nombreuses personnalités ont été aperçues aux Invalides : l'ancien président Nicolas Sarkozy, des anciens chefs du gouvernement comme Lionel Jospin, Jean-Pierre Raffarin, Alain Juppé, Édith Cresson, et les principaux protagonistes de la vie politique actuelle, de Jean-Luc Mélenchon à Marine Le Pen.

L'archevêque de Paris, le cardinal André Vingt-Trois, était également présent pour cet hommage laïc.

Durant toute la semaine, de nombreuses cérémonies religieuses se sont tenues à travers toute la France, et notamment des messes, pour les victimes de confession catholique. Cette ambiance de communion nationale a toutefois été rompue par une tribune publiée sur un site traditionaliste par le père Hervé Benoît, chapelain de la basilique de Fourvière à Lyon, qui dressait un parallèle douteux entre les victimes des attaques et leurs agresseurs, allant jusqu'à les traiter de «frères siamois». Rejoignant l'argumentaire des terroristes de Daech eux-mêmes, il analysait le concert du groupe californien "Eagles of death metal" au Bataclan, lieu du principal massacre du 13 novembre, comme s'il s'agissait d'un culte satanique.

L'archevêque de Lyon, le cardinal Philippe Barbarin, avait réagi rapidement, dès lundi, en qualifiant de «consternants» les propos de ce prêtre. Ce vendredi, le site du diocèse de Lyon a publié un communiqué plus large dans lequel il explique sa décision de relever immédiatement de ses charges le père Benoît.

Voici le message du cardinal Barbarin :

«Consolez, consolez mon peuple, parlez au cœur de Jérusalem…» (Is 40, 1) 

A la suite de la publication d’une tribune signée par le père Hervé Benoît, et après avoir pris le temps de le rencontrer et de l’écouter, j’ai décidé, en accord avec son évêque Mgr Armand Maillard (le père Benoît étant incardiné dans le diocèse de Bourges, ndlr), de le relever de ses différentes charges pastorales dans le diocèse de Lyon. Je demande au père Benoît de se retirer immédiatement dans une abbaye pour prendre un temps de prière et de réflexion.

Dans le contexte qui est le nôtre, il n’est pas acceptable que des chrétiens, à plus forte raison des prêtres, ne s’appliquent pas toujours et le plus possible à maintenir entre les hommes la paix et la concorde fondée sur la justice.

À l’issue des obsèques de Caroline Prénat, une jeune fille lyonnaise décédée au Bataclan, j’ai dit combien le texte du père Benoît était consternant et blessant. Mgr Maillard, l’archevêque de Bourges, souligne que «le ton de cette tribune ne traduit pas l’attitude d’un pasteur qui rencontre, écoute, accompagne les personnes dans la souffrance, dans une attitude de miséricorde».

Le pape François vient de déclarer au premier jour de son voyage en Afrique : «Il y a des situations dans la vie où on ne peut que pleurer, et regarder Jésus sur la croix». C’est ce à quoi j’invite les catholiques, spécialement lors de l’hommage national qui est rendu ce vendredi pour toutes les victimes du terrorisme.

Oui, c’est encore le temps des larmes. Nous entrerons dimanche dans l’Avent : les chrétiens se préparent à célébrer la venue du Messie, que la Bible appelle le "Consolateur". C’est Lui qui vient effacer nos pleurs et consoler son peuple, Lui que nous accueillerons à Noël comme le "Prince de la Paix ".

Cardinal Philippe Barbarin 
27 novembre 2015

(CV avec site du diocèse de Lyon)








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