2015-11-11 13:05:00

André Glucksmann, la disparition d'un penseur anti-totalitaire


(RV) Entretien - Quelques jours après René Girard, une nouvelle disparition endeuille le monde des intellectuels français : le philosophe André Glucksmann est décédé dans la nuit du 9 au 10 novembre, à l'âge de 78 ans. Figure des "nouveaux philosophes", aux côtés notamment de Bernard-Henri Lévy, il avait développé une intense réflexion sur la totalitarisme et l'aveuglement d'une partie de l'intelligentsia. Dans les années 1970, il avait rencontré un grand retentissement à travers ses ouvrages La Cuisinière et le mangeur d'hommes, réflexions sur l'État, le marxisme et les camps de concentration, puis Les Maîtres penseurs, dans lesquels il attaquait ses anciens compagnons de route de l'extrême-gauche sur leur complaisance vis-à-vis des dictatures communistes. Ancien maoïste, il s'était alors rapproché des dissidents soviétiques.

Proche à la fois de Raymond Aron, intellectuel libéral, et de Jean-Paul Sartre, figure de proue de l'existentialisme, il avait réussi à réconcilier les deux penseurs rivaux au nom du soutien aux Vietnamiens en fuite sur des bateaux de fortune, les fameux "boat-people". L'opération "un bateau pour le Vietnam" avait alors permis le sauvetage de milliers de vies.

Sa pensée avait progressivement évolué vers un atlantisme peu fréquent dans la sphère intellectuelle française, allant jusqu'à soutenir ouvertement l'intervention américaine en Irak en 2003. Au nom de son soutien à la cause tchétchène, il manifestait en revanche une opposition farouche à Vladimir Poutine.

Un prix reçu au Vatican

André Glucksmann était venu au Vatican en décembre 2009, pour recevoir des mains du Pape Benoît XVI le Prix "Auschwitz pour les droits de l’homme- Jean-Paul II" qui récompense une personnalité ayant incarné, par sa vie et ses activités, l’idéal des droits de l’homme selon les principes et les normes indiquées par le magistère et le témoignage de Jean-Paul II.

Ce philosophe était alors passé dans les bureaux de Radio Vatican à l’issue de la cérémonie de remise de son prix. Pour André Glucksmann, cette distinction représentait une lourde responsabilité. Tout en soulignant le paradoxe apparent d’associer Auschwitz aux droits de l’homme, au micro de Claire Malapert, il saluait l’audace d’un tel prix. 








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