2015-10-24 11:21:00

Méditation du XXXème dimanche du Temps ordinaire


Le père jésuite Raphaël Bazebizonza, nous introduit à la méditation avec les lectures du XXXème dimanche du Temps ordinaire :

Les lectures bibliques de ce dimanche nous ouvrent à la joie, la joie de contempler le visage miséricordieux de Dieu. En effet, après une longue et sombre parenthèse de son histoire marquée par la déportation et l’exil à Babylone, Israël - dans la première lecture - retrouve la joie de vivre en présence du Seigneur.

Alors que l’amère expérience de Babylone lui a fait perdre ses fondamentaux, à savoir la terre, le roi et le temple, l’annonce par le prophète Jérémie du retour à la terre promise et accordée aux ancêtres cristallise la consolation et l’espérance de ce peuple. Car, devenu la risée de tous, exposé à tout attaque maléfique, le peuple d’Israël s’est vu volé son espérance. Sans adoration, sans pasteur, plus rien ne pouvait le consoler. C’était la nuit la plus obscure de son existence.

Mais voilà qu’au cœur de cette nuit innommable, s’illumine le visage de Dieu dont les rayons irradient désormais toute leur histoire. « Nous étions comme en rêve », se rappelle le psalmiste. La joie immense qui accompagne le peuple dépasse largement l’intensité du drame vécu. Certes, « ils étaient partis dans les larmes », mais grâce à la miséricorde divine, « ils reviennent dans la joie». « Dieu est un Dieu qui sort : Il sort pour rechercher, rechercher chacun de nous.

Chaque jour Il nous cherche ». Il est toujours de notre côté. Ainsi, la joie du retour devient la joie de voir et de contempler le visage du Père, un visage qui pardonne et caresse : « Je suis père pour Israël » - le peuple avait été pris en otage à cause de son péché. « C’est ta face, Seigneur, que je cherche : ne me cache pas ta face ». Dieu se laisse voir, toucher.

Dans l’Évangile, Bartimée incarne cette aspiration de tous les croyants à voir le visage de Dieu. Ce pauvre homme ne voit pas, il vit isolé, dans la nuit, il est au bord du chemin, pour quémander. Il vit un exil intérieur. Et c’est le plus difficile. Parce qu’il dépend des autres, en tout et pour tout. Il doit compter sur eux. Mais nombreux - dit le texte - sont ceux qui le rejettent. Ceux qui ne veulent pas qu’il s’adresse à Jésus.

Ces gens qui, au lieu de devenir « canaux » de l’amour et de la compassion de Jésus, se transforment en « contrôleurs de la grâce », en éteignoirs de la voix des pauvres. Ces gens qui retiennent le Christ à l’intérieur de l’Église et ne le laissent pas sortir. La perspective dans laquelle ils se placent se révèle encore polluée par des calculs humains. Mais Bartimée ne se laisse ni gagner par la brutalité de la foule, ni immobiliser par la peur des disciples.

Comme le peuple d’Israël en exil,  dans le désarroi et l’obscurité des cœurs, Bartimée garde le courage de la foi et crie davantage. C’est seulement avec la foi que nous pouvons voir Jésus. Seule la foi nous rend capables de voir et nous rend purs : « Heureux les cœurs purs, ils verront Dieu ! ». Jésus est saisi et il s’arrête pour rendre la vue, ouvrir à la lumière et donc à la connaissance. Telle est sa mission.

Lui le grand prêtre, pris parmi nous et chargé d'intervenir en notre faveur est en mesure de nous comprendre et nous accueillir avec notre péché, avec nos aveuglements. Il n’agit pas comme ceux qui trient les gens : « tu es digne, lui ne l’est pas ». Non, Jésus nous accueille tous. Un proverbe africain dit que le soleil n’oublie aucun village.  

Et chacun de nous, en tant que membre du corps du Christ, est appelé à cet accueil des plus pauvres, de ceux qui ont perdu la vue, la voix. Devant des gens qui interpellent vivement les faibles pour les faire taire, les disciples, les vrais disciples sont appelés à faire le contraire : « Confiance, lève-toi ; il t'appelle ».

Nous sommes invités à nous arrêter, à se pencher, à avoir les yeux et le cœur ouverts aux autres. L’esprit du monde nous invite au conformisme. Celui du Christ nous invite à la tendresse, à la joie de Dieu qui se fait toujours proximité, qui se fait toujours compassion et nous conduit à nous impliquer, pour servir, dans la vie des autres.

 








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