Synode : pas d'opposition entre "blocs" mais des nuances selon les continents

(RV) À la veille de la conclusion des travaux du Synode sur la famille, s’est tenu ce vendredi 23 octobre le traditionnel briefing en Salle de presse du Saint-Siège, animé par le père Federico Lombardi, avec trois intervenants : le cardinal ghanéen Peter Turkson, prèsident du Conseil pontifical Justice et Paix, le cardinal canadien Gérald Cyprien Lacroix, archevêque de Québec, et Mgr Lucas Van Looy, évêque de Gand, en Belgique.

L’après-midi de jeudi a été consacré à l’étude du projet de rapport final, présenté dans sa version provisoire par le rapporteur général, le cardinal Peter Erdö. Le cardinal Lorenzo Baldisseri, secrétaire général du Synode, a expliqué que 1355 amendements avaient été proposés par les pères synodaux par rapport à l’Instrumentum laboris, ce qui a donc représenté un travail d’un grande complexité.

La réunion de ce vendredi matin a elle été consacrée aux interventions libres des pères synodaux. Une cinquantaine d’entre eux se sont exprimés pour réagir au projet de rapport final dont ils avaient pris connaissance jeudi soir.

Un texte qui a gagné en cohérence

Ces observations, a rappelé le père Lombardi, sont des « propositions d’amendements ou d’améliorations » mais n’ont pas donné lieu à des votes. « Je peux dire que la gamme des sujets traités a été naturellement très ample, mais ils sont tous exprimé leur remerciement, je dirais admiratif, pour le travail de la commission, parce que le texte est beaucoup plus ordonné et satisfaisant que l’Instrumentum laboris, qui était plus fragmentaire, moins organisé ou cohérent. »

Le cardinal Lacroix a lui évoqué l’importance de la synodalité et la catholicité de l’Église. « Notre devoir pastoral est de cheminer avec les familles et de nous ouvrir au plan que Dieu nous présente. Moi je repars avec encore plus d’espérance que quand je suis arrivé, parce que je vois que ce que l’Église peut offrir à la famille est merveilleux. »

Le cardinal Turkson a observé que le projet de rapport final est une tentative de réunir les points de vue des pères synodaux. Il a expliqué que le Synode n’a pas vu s’opposer des blocs mais des points de vue différents, de pasteurs qui proviennent de cinq continents différents : « ces nouveautés n’indiquent pas la formation de blocs opposés l’un à l’autre au Synode, mais une invitation à une très large ouverture pour toutes les situations dans lesquelles cette institution est vécue et célébrée. »

Précisions sur les personnes homosexuelles

L'agence I.MEDIA rapporte aussi que le cardinal Turkson, originaire du Ghana, s'est exprimé sur la question de l'homosexualité et des différences de perception du phénomène selon les continents. « De 1971 à 1975, je faisais de la théologie aux Etats-Unis. Tous les livres de psychologie présentaient l’homosexualité comme une anormalité. Aujourd’hui, la compréhension de ce phénomène a changé. On ne la considère plus ainsi. »

Pour le prélat africain, il faut donc laisser les pays qui ont des difficultés avec l’homosexualité, prendre le temps de faire cette évolution. Outre l’Afrique, le cardinal a mentionné la Russie et les pays islamiques. Et d’ajouter : « Alors qu’on encourage nos pays à ne pas criminaliser ce phénomène, encourageons les autres à ne pas "victimiser" les personnes ou groupes homosexuels. » Le cardinal Turkson a aussi assuré que des évêques et cardinaux avaient fait part au cours du synode, de leur expérience d’avoir des personnes homosexuelles dans leur propre famille.

Pour sa part, Mgr Van Looy a parlé des familles de réfugiés, et il a aussi insisté sur le rôle évangélisateur des familles : « l’Église n’a pas seulement à s’intéresser à des familles bonnes ou mauvaises, dans diverses situations, mais elle est aussi en train de donner aux familles un devoir d’évangélisation : les familles avec nous, avec les évêques, avec l’Église, cheminant sur le chemin de l’évangélisation. »

(avec I.MEDIA)