2015-10-14 17:07:00

Pistes de réflexion à mi-parcours du Synode sur la famille


(RV) Une semaine et demie est passée, et restent encore dix jours de travail intense aux 360 participants du Synode dédié à la vocation et la mission de la famille. Ce mercredi, lors de la huitième Congrégation générale, chacun des 13 groupes linguistiques a présenté sa synthèse portant sur « le discernement de la vocation familiale », la deuxième partie de l’Instrumentum Laboris.

Dans cette deuxième partie, l’Évangile de la famille et l’enseignement de l’Église sur le mariage sont synthétisés de manière complète. C’est le « cœur pulsant de tout le Synode » et pour cette raison, les treize rapports soulignent globalement tous, la nécessité de donner plus de cohésion et à cette partie du texte.

Le point sur cette étape importante, à mi-chemin du Synode, avec Cyprien Viet.

Plus de références bibliques sur le mariage et la famille, en les présentant non pas comme des citations purement dogmatiques, mais comme des exemples de la Parole de Dieu vécue dans l’histoire,  comme « une boussole » pour l’homme contemporain. C’est un point de consensus entre pères synodaux : le but de cette assemblée n'est pas de faire de la sociologie, mais d’offrir aux familles du monde entier des motifs d’espérance.

Dans cette optique, il est recommandé de présenter le mariage sacramentel dans sa vraie beauté et non comme un idéal abstrait, difficile à atteindre. L’indissolubilité en effet n’est pas un fardeau mais un don de Dieu qui permet de vivre le mariage comme un espace au sein duquel se manifeste la grâce divine, un pacte d’amour pour toute la vie.

Concilier miséricorde et vérité

Le groupe allemand a souligné qu’il faut cesser d’opposer miséricorde, vérité, grâce et justice. « Ce ne sont pas des concepts opposés. Il faut surmonter ces oppositions pour accompagner les familles. » Citant Saint Thomas d’Aquin, ils plaident en faveur « d’une application sage, juste, équitable, et intelligente de la parole de Dieu », notamment en ce qui concerne l’indissolubilité du mariage. Ils soutiennent le principe de gradualité dans l’accompagnement des couples. 

« Nous pensons que l’Église pense de manière trop statique, sans tenir compte de l’évolution dans l’Histoire de la doctrine de l’Église sur le mariage. La formulation de la doctrine a pris du temps, et il faut permettre à la pastorale familiale de mûrir. Il est erroné de penser en terme de "tout ou rien". » Les évêques du groupe germanophone demandent un engagement résolu de l’Église en faveur d’une pastorale personnalisée qui fasse davantage appel aux consciences.  

Plusieurs groupes ont insisté sur la nécessité d’exprimer également les encouragements de l’Église aux couples qui vivent leur mariage chrétien comme une vocation authentique, mais aussi de « trouver des solutions pastorales permettant d’accompagner les couples mariés civilement ou qui cohabitent à s’acheminer vers le mariage sacramentel ». Plusieurs évêques ont par ailleurs souligné l’importance des femmes dans l’Église et la nécessité de réfléchir davantage à l’opportunité de leur donner des rôles de leadership.

Le Synode, une « palabre de famille »

Devant la presse, le cardinal burkinabé Philippe Ouédraogo a confirmé la nécessité d’un document à caractère magistériel, alors que les débats synodaux ont manifesté, a-t-il noté, « beaucoup de divergences, beaucoup d’ambiguïté, beaucoup de préoccupations ».

Dans ce contexte, a estimé l’archevêque de Ouagadougou, « le synode est vraiment la palabre de famille où le père de famille, le pape, écoute tous ses enfants, et en fonction des défis, essaie de dire une parole ». Or, a-t-il souligné, la mission essentielle du successeur de Pierre « est de confirmer ses frères et ses sœurs dans la foi, de sauvegarder la communion ecclésiale. Je crois qu’il faillirait à sa mission s’il n’arrivait pas à indiquer une direction pour les chrétiens, pour les croyants », a insisté l'archevêque de la capitale du Burkina Faso.

Voici quelques autres éléments à retenir de ces rapports :

Encourager les jeunes au mariage

Plusieurs groupes relèvent qu’ils ont une approche timide et méfiante vis-à-vis du sacrement conjugal et de l’engagement « pour toujours ». Il s’agit d’une question complexe qui mérite d’ultérieurs approfondissements, souligne-t-on, parce qu’on ne peut pas simplement dire que les jeunes manquent de courage quand tant de volontaires nous démontrent le contraire. Il faut en revanche évaluer les conditionnements culturels et économiques qui ont un impact sur la vie des jeunes d’aujourd’hui.

Mettre en évidence les liens entre Synode et Jubilé de la Miséricorde

Des documents des groupes linguistiques, émerge également le thème de la pédagogie divine. Les pères synodaux souhaitent qu’il soit mieux expliqué afin de mieux accompagner les couples et les familles tout au long du chemin de leurs vies. De nombreux textes font également référence à la miséricorde soulignant le lien entre les travaux du Synode et le Jubilé extraordinaire convoqué par le Pape sur ce thème. Si d’une part, on répète la doctrine du mariage, d’autre part il est recommandée de suivre une pastorale pleine d’amour, « de proximité contagieuse » vis-à-vis des familles en difficulté, parce que la miséricorde de Dieu est pour tous et pour toujours.

Promouvoir la participation des familles à la messe de dimanche

Des suggestions spécifiques sont également formulées par certains groupes. On propose ainsi d’introduire dans le document final une réflexion sur le célibat, ou d’amplifier l’analyse sur le lien entre la famille et l’évangélisation. Les parents sont souvent les premiers catéchistes de leurs enfants. D’autres aimeraient que soit promue la Lectio divina et d’autres formes de dévotion, comme la prière du chapelet ou la messe du dimanche qui renforce la vie familiale.

Plus d’attention au drame des femmes victimes d’abus en famille

Certains cercles suggèrent d’approfondir la réflexion sur les enfants, en particulier dans le contexte des familles blessées, sur les femmes qui sont victimes d’abus en famille et plus largement, sur la femme pour que soit valorisée son rôle au sein de l’Eglise.

Soutenir davantage les écoles catholiques

Concernant le Motu Proprio du Pape Mitis Iudex sur la réforme des procès d’annulation de mariage, des pères synodaux aimeraient que soit mieux expliquées les raisons de la nullité. Il faut pour certains, regarder les réalités familiales avec plus de réalisme : il ne suffit pas de simplement encourager des familles à rester ensemble, mais il faut expliquer clairement la doctrine de l’Église en la matière. Enfin il est souhaité que les écoles catholiques soient encouragées plus qu’elles ne le sont aujourd’hui. Au même titre que les paroisses, elles permettent d’apprendre l’Évangile de la famille dans sa totalité.








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