2015-10-14 19:24:00

L'expérience synodale du père bénédictin Jeremias Schröder


(RV) Entretien - Le Synode des évêques sur la famille s’est réuni ce mercredi en congrégations générales, pour la présentation du travail réalisé en carrefour linguistique. Un travail qui portait sur l’étude de la deuxième partie de l’Instrumentum laboris, traitant du « discernement de la vocation familiale ».

Le père Jeremias Schröder, abbé-président de la congrégation bénédictine de Sainte-Odile, nous livre ses impressions à mi-parcours de cette assemblée, après la présentation de la synthèse des 13 groupes. Il est interrogé par Hélène Destombes.

On a entendu cette présentation avec beaucoup de curiosité. Un des pères synodaux me disait juste avant : « attends, attends, il y aura des bombes ».  Je n’ai pas entendu des bombes. Je n’ai pas entendu de fortes oppositions. Ce qu’on disait c’est que le Synode était divisé en deux camps, mais ce n’est pas du tout le cas. On a vu un vrai souci pastoral représenté par toutes les interventions et tous les rapports. Et ce qui m’a étonné mais aussi impressionné, c’est que trois groupes ont vraiment fait un travail de synthèse en écrivant un nouveau texte. On voit là que les doutes qu’il y a vis-à-vis de l’Instrumentum maintenant peuvent se résoudre, peut-être  dans la direction d’un nouveau document, que certainement le Synode ne pourra pas fabriquer, mais dont on peut donner quelques indications pour ceux qui après devront s’en charger.

Parmi les propositions, la mise en place d’une pastorale personnalisée qui permette de faire d’avantage appel à la conscience de chacun, c’est une piste qui a recueilli un certain consensus ?

Il y a eu plusieurs fois des mentions de la question , soit de la conscience ou de la délégation des compétences sur un niveau plus proche des personnes, soit national, soit dans le diocèse.  Aussi on a plusieurs fois entendu des réflexions de théologie morale sur l’importance de la conscience. Mais ça, c’est évident pour la morale chrétienne, la conscience doit toujours avoir un rôle principale dans chaque question. Comment valorisé ? Comment faire la balance entre les normes objectives et la conscience. C’est là où il y a du travail à faire, sans doute.

L’importance également de ne pas opposer Miséricorde, Vérité, Grâce et Justice. C’est un accent qui a également été mis par certains groupes ?

Là, je pense aussi que c’est un fruit de l’approfondissement théologique de ces thèmes qui a eu lieu ici pendant le Synode. On reconnait que ce sont des dimensions de la Majesté Divine, de Sa bonté, de Sa grandeur qu’on ne peut pas opposer l’un a l’autre. Ce sont des notions qui ont une relation entre elles, et  je crois que plusieurs pères ont essayé de nous faire entendre que le moment de la suprême miséricorde, c’est aussi le moment de la suprême justice, dans ce sens-là, il y a vraiment un approfondissement qui permettra peut-être aussi de trouver des voies nouvelles.

Certains membres de ce Synode ont également proposé d’observer l’histoire en matière de doctrine concernant le mariage, de voir un peu justement les évolutions qui ont eu lieu au cours des siècles. Que pouvez-vous nous dire sur le sujet ?

C’est certainement important. On constate dans le document, que nous avons en ce moment, que cette histoire est complétement absente.  Quelques-uns des pères ont parlé de la doctrine bimillénaire, une doctrine constante, et d’autres qui comprennent un peu cet interdit. Non, vraiment, on ne peut pas dire ça, surtout dans l’Occident : la doctrine et la pratique de l’Église, d’entendre, de comprendre, le mariage a beaucoup évolué au cours des siècles . Un seul exemple : il y a un concile œcuménique qui en 325 a encore très ouvertement parlé de la nécessité de recevoir les chrétiens en deuxième mariage. C’était à cette époque encore un thème dont on parlait très ouvertement. Dans la pratique latine de l’Occident, nous avons pris d’autres décisions plus tard, tandis que la pratique de l’ orthodoxie déjà se basait sur ce concile. On voit  qu’il y a eu des développements et qu’il faut pouvoir aussi interpréter la matière pour le monde d’aujourd’hui.

Donc une doctrine qui n’est pas statique. Ce n’est pas une lecture partagée par tous.

Mais elle est vraie. Le Cardinal de Westminster nous a rappelé il y a quelques jours que c’était la fête du bienheureux John Henry Cardinal Newman, qui en 1845 avait publié un essai très important à l’époque avec le titre « Sur le développement de la doctrine chrétienne ».  Ce ne sont pas des nouveautés.

Pour conclure, d’un point de vue plus personnel, qu’attendez-vous de cette assemblée ?

Moi, je représente une congrégation missionnaire qui travaille dans le monde entier et je me rends compte qu’on ne trouvera pas les solutions ici qui peuvent être appliquées universellement. Ce à quoi je m’attends, c’est que le Synode trouve une manière d’ouvrir des possibilités pastorales aux situations tellement divergentes dans ma patrie, en Allemagne, en Chine où j’ai été récemment, en Afrique orientale où grands nombres de mes confrères travaillent. Les défis, les questions sont vraiment très diffèrents. Le Synode ne pourra pas répondre à tout cela, mais peut ouvrir la porte pour que le Saint- Père puisse donner des compétences aux Conférences nationales, pour trouver des réponses qui correspondent aux exigences de chaque pays, de chaque continent.

 








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