2015-10-03 15:26:00

Une soirée de prière et de témoignages à la veille du Synode


(RV) Au cours d’une messe solennelle, ce dimanche, dans la basilique Saint-Pierre, le Pape François a donné le coup d’envoi de la XIV° assemblée ordinaire du Synode des évêques consacrée à la famille. Le Saint-Père était entouré de plus de 300 concélébrants, tous membres du Synode, dont quelque 70 cardinaux et sept patriarches orientaux.

A l’autel, le Pape François avait à ses côtés les quatre présidents délégués de l’assemblée, dont l’archevêque de Paris, le cardinal André Vingt-Trois, ainsi que le secrétaire général, le rapporteur général et le secrétaire spécial du Synode, respectivement le cardinal italien Lorenzo Baldisseri, le cardinal hongrois Peter Erdö, et Mgr Bruno Forte. Les intentions de prière étaient dites en cinq langues, dont le chinois, l’arabe et le swahili.

Veillée de prière place Saint-Pierre

Pour faire resplendir la beauté de la vie familiale et conjugale, une veillée a été organisée ce samedi soir sur la place Saint-Pierre sous les auspices de la Conférence des évêques italiens, un moment de prière et de témoignages de foi. Associations, mouvements ecclésiaux et communautés nouvelles de toute l’Italie, Focolari, Chemin néocatéchuménal, Communion et Libération, Renouveau charismatique, Action catholique, mais aussi une foule de familles s'est donnée rendez-vous à l’initiative du Secrétaire général de l’épiscopat pour que, comme des flambeaux, les lumières familiales illuminent la place Saint-Pierre.

Dans son mot d'accueil, le cardinal Angelo Bagnasco, président de la conférence épiscopale italienne, a voulu inscrire cet évènement comme la réponseà une demande du peuple chrétien d'aujourd'hui, sans diaboliser les évolutions de la société : « Nous voulons reconnaitre ces temps comme la Condition dans laquelle le Seigneur nous donne de vivre, croire et annoncer son Évangile, a insisté le cardinal Bagnasco. Nous voulons pas que la fatigue ou la peur prévalent sur l’admiration, sur la joie et sur le courage, ni que les analyses liées à un contexte dans lequel semble vaincre l’idée de ne se lier à rien et à personne ne nous freinent dans la disponibilité à accompagner les jeunes dans le choix courageux du mariage. »

« Nous devons écouter le cri du peuple, tout en regardant dans les yeux de Jésus-Christ, pour devenir une Église qui embrasse et serve avec son regard, vrai et miséricordieux, l’humanité de notre temps. »

Se mettre à l'écoute du "murmure" de Dieu

Dans une homélie, le Pape François a rappelé que « face aux exigences de l’existence, la tentation amène à se retirer, à déserter et à se fermer, peut-être au nom de la prudence et du réalisme, en fuyant ainsi la responsabilité de faire sa part jusqu’au bout. » Il ne s'agit pas seulement d'un phénomène contemporain, il est de tous les temps, même dans la Bible. François a rappelé la fuite d'Élie jusque sur l’Horeb, où « il trouvera la réponse non dans le vent impétueux qui brise les rochers, ni dans le tremblement de terre et pas même dans le feu. La grâce de Dieu n’élève pas la voix ; c’est un murmure, qui rejoint tous ceux qui sont disposés à en écouter la brise légère : il les exhorte à sortir, à retourner dans le monde, témoins de l’amour de Dieu pour l’homme, pour que le monde croie. »

Le Pape François a cité le patriarche Athénagoras, patriarche de Constantinople de 1948 à 1972, rappelant que « sans l’Esprit Saint, Dieu est loin, le Christ reste dans le passé, l’Église devient une simple organisation, l’autorité se transforme en domination, la mission en propagande, le culte en évocation, l’agir des chrétiens en une morale d’esclaves. Prions donc, pour que le Synode qui s’ouvre demain sache ramener l’expérience conjugale et familiale  à une image accomplie de l’homme ; qu’il reconnaisse, valorise et propose tout ce qu’il y a en elle de beau, de bon et de saint ; qu’il embrasse les situations de vulnérabilité qui la mettent à l’épreuve : la pauvreté, la guerre, la maladie, le deuil, les relations blessées et défaites d’où surgissent malaises, ressentiments et ruptures ; qu’il rappelle à ces familles, comme à toutes les familles, que l’Évangile demeure une “Bonne Nouvelle” d’où repartir. Que du trésor de la tradition vivante, les Pères sachent tirer des paroles de consolation et des orientations d’espérance pour des familles appelées à construire en ce temps l’avenir de la communauté ecclésiale et de la cité de l’homme. »

« Chaque famille, en effet, est toujours une lumière, bien que faible, dans l’obscurité du monde. L’histoire même de Jésus parmi les hommes prend forme dans le sein d’une famille, à l’intérieur de laquelle il restera pendant 30 ans. Une famille comme beaucoup, la sienne, située dans un village perdu de la périphérie de l’Empire. »

Le Pape a ensuite évoqué la figure du bienheureux français Charles de Foucauld (1858-1916). « Charles de Foucauld, peut-être comme peu d’autres, a deviné la portée de la spiritualité qui émane de Nazareth. Ce grand explorateur abandonna en hâte la carrière militaire, fasciné par le mystère de la Sainte Famille, de la relation quotidienne de Jésus avec ses parents et ses proches, du travail silencieux, de la prière humble. Regardant la Famille de Nazareth, frère Charles discerna la stérilité du désir de richesse et de pouvoir ; il se fit tout à tous par l’apostolat de la bonté ; attiré par la vie érémitique, il comprit qu’on ne grandit pas dans l’amour de Dieu en évitant la servitude des relations humaines. Parce que c’est en aimant les autres qu’on apprend à aimer Dieu ; c’est en se penchant vers son prochain qu’on s’élève jusqu’à Dieu. À travers la proximité fraternelle et solidaire avec les plus pauvres et les plus abandonnés, il comprit que, finalement, ce sont eux qui nous évangélisent, en nous aidant à grandir en humanité. »

« Pour comprendre aujourd’hui la famille, entrons nous aussi, comme Charles de Foucauld, dans le mystère de la Famille de Nazareth, dans sa vie cachée, ordinaire et commune, comme celle du plus grand nombre de nos familles, avec leurs peines et leurs joies simples ; vie tissée de patience sereine dans les contrariétés, de respect pour la condition de chacun, de cette humilité qui libère et fleurit dans le service ; vie de fraternité qui surgit du fait de se sentir partie d’un unique corps. »

« Repartons de Nazareth pour un Synode qui, plus que parler de la famille, sache se mettre à son école, dans la disponibilité à en reconnaître toujours la dignité, la consistance et la valeur, malgré les nombreuses peines et contradictions qui peuvent la marquer. Dans la “ Galilée des nations” de notre temps, nous retrouverons l’épaisseur d’une Église qui est mère, capable d’engendrer à la vie et attentive à donner continuellement la vie, à accompagner avec dévouement, tendresse et force morale. Parce que si nous ne savons pas unir la compassion à la justice, nous finissons par être inutilement sévères et profondément injustes. », a insisté le Saint-Père.

« Une Église qui est famille sait se situer avec la proximité et l’amour d’un père qui vit la responsabilité du gardien, qui protège sans se substituer, qui corrige sans humilier, qui éduque par l’exemple et la patience, a-t-il souligné. Parfois simplement, par le silence d’une attente priante et ouverte. Surtout, une Église d’enfants qui se reconnaissent frères, qui n’arrive jamais à considérer quelqu’un uniquement comme un poids, un problème, un coût, une préoccupation ou un risque : l’autre est essentiellement un don, qui reste tel même quand il parcourt des chemins différents. C’est une maison ouverte, l’Église, loin des grandeurs extérieures, accueillante dans le style sobre de ses membres et, à cause de cela, accessible à l’espérance de paix qui est présente en chaque homme, y compris en tous ceux qui, éprouvés par la vie, ont le cœur blessé et souffrant. »

« Cette Église peut vraiment éclairer la nuit de l’homme, lui montrer avec crédibilité le but et en partager les pas, justement parce que, la première, elle vit l’expérience d’être sans cesse régénérée dans le cœur miséricordieux du Père », a conclu le Pape François.

 

 

 

 








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