2015-07-27 12:51:00

En Bolivie, un dialogue s'ouvre après 21 jours de grève à Potosi


(RV) « Vous savez, l’Eglise c’est le peuple et le peuple est l’Eglise ». En Bolivie, l’évêque de Potosi, Mgr Ricardo Ernesto Centellas Guzman, sort du silence pour défendre les mineurs et les familles de son diocèse. Il a annoncé le 25 juillet dernier que neuf paroisses seront ouvertes aux manifestants qui dénoncent depuis trois semaines le manque d’investissements du gouvernement dans leur région, la plus pauvre du pays, malgré d’énormes ressources en matières premières exploitées depuis cinq siècles.

Marie Duhamel

Une grève générale illimitée a été déclarée le 6 juillet dernier à Potosi. Des barrages sont installés depuis, empêchant l’accès à la ville qui souffre maintenant d’une pénurie de produits alimentaires et de médicaments. Sur place, « les malades sont transportés en brouette, car les ambulance ne peuvent se déplacer en ville » assure le ministre bolivien de l’Intérieur. Selon l’agence EFE, 30% des habitants de la ville sont considérés comme pauvres, 67% dans les zones rurales pourtant très riches en zinc, en étain en argent ou en nickel. Ce sont d’ailleurs les mineurs qui mènent le mouvement au sein de la Comcipo. Le Comité civil de Potosi réclame notamment la préservation du gisement historique du Cerro Rico affecté par l’exploitation artisanale,  la construction d’une fabrique de ciment, des hôpitaux spécialisés ainsi qu’un aéroport et un pont vers l’Argentine, pour désenclaver leur région.

En 2014, la région a voté à 69% pour Evo Morales, mais le président bolivien s’est contenté d’accusé la droite de manipuler les grévistes. « Il ne manquera pas de traîtres, mais les gens vont continuer à nous soutenir », a affirmé le chef de l’Etat, ancien leader syndical des producteurs de coca.

Face au mépris du gouvernement, les piquets de grève se sont multipliés. Certains grévistes se sont radicalisés. A la Paz, 50 personnes ont été arrêtées après des heurts violents avec la police anti-émeute.

 Lors d’une conférence de presse, Mgr Centellas Guzman a alors qualifié la souffrance du peuple d’« inacceptable », estimant que le gouvernement devait relâcher les détenus et ouvrir un dialogue. Ce lundi, quatre personnes restent en détention, et un dialogue vient de s’ouvrir dimanche. Il faut dire qu’en raison de cette grève la région de Potosi perd chaque jour 5 millions de dollars. Selon le ministre des mines, une première compagnie minière, Manquiri, seraient déjà sur le point de fermer.

 








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