2015-07-20 16:19:00

Côte d’Ivoire : Constance Yaï plaide pour le statut de la femme


(RV) – Entretien: 

« Les traditions-prétextes : Le statut de la femme à l’épreuve du culturel ». Tel est le titre d’un essai de 152 pages paru l’an dernier à Abidjan en Côte d’Ivoire. L’auteur de cet essai Mme Constance Yaï, ancienne ministre et ancienne directrice générale de la Coopération francophone, est Professeure spécialisée dans la rééducation des troubles du langage. Actuellement consultante internationale, l’auteur est également la fondatrice de l’Association ivoirienne des droits des femmes (AIDF).

On écoute Mme Constance Yaï, dans l’entretien qu’elle a accordé ces jours-ci à Radio Vatican, au micro de Jean-Pierre Bodjoko :

« Les traditions-Prétextes : Le statut de la femme à l’épreuve du culturel » est le titre que j’ai pu trouver à cet essai. Il s’agissait en même temps de dénoncer l’interprétation que l’on fait des traditions, l’utilisation abusive des traditions et surtout le fait que l’on fasse la promotion des traditions négatives dans nos sociétés. Quand je parle du statut de la femme à l’épreuve du culturel, ce deuxième chapitre qu’on peut appeler le sous-titre ou le petit titre rejoint les traditions prétextes en ce sens que je démontre comment le culturel vient au secours de tous ceux et de toutes celles qui n’ont pas envie que se fasse un changement positif, que l’Afrique participe au progrès mondial.

Dans votre livre, il y a cinq parties à part l’introduction et la conclusion. Le premier point important c’est consensus oppressif ?

Au moins l’Afrique peut se targuer d’une chose c’est qu’on a obtenu le consensus sur l’oppression de la femme se basant sur le culturel. Nos traditions disent que...

Ça c’est votre point de vue…

Heureusement ! si j’ai pris la peine d’écrire un essai c’est bien pour donner mon point de vue, c’est bien pour pousser ce cri. C’est comme un ras-le-bol, un rejet de cette injustice qui a l’air de faire l’accord, de faire le consensus comme je le dis dans mon livre. Lorsqu’en Afrique il s’agit des grands débats nationaux ou internationaux il y a des divergences...

Quand il s’agit d’opprimer les femmes on appelle les traditions au secours et on dit la tradition veut que tu sois derrière alors que l’Afrique a des traditions positives qui permettent justement à des femmes comme nous de lever la tette et de dire non, cette Afrique là n’est pas la nôtre.

Le deuxième point de votre livre c’est la culture comme prétexte, c’est presque la suite de ce que vous venez de dire ?

Absolument ! C’est-à-dire que dans un premier temps quand je parle de consensus, je m’arrête juste à la dimension culturelle dans le deuxième chapitre pour montrer exemple à l’appui comment lorsqu’il s’agit de mariage, d’activités socioculturelles, de langage, de discours, bref dans la vie de tous les jours, comment le culturel vient au secours de l’oppresseur.

Le troisième chapitre de votre livre: les supports idéologiques ?

Les supports idéologiques sont de plusieurs ordres, vous avez déjà la langue. Ceux qui pensent que nous avons des problèmes à régler avec notre origine africaine, qu’ils sachent qu’ils se trompent parce que les langues africaines ont ceci d’enrichissant ; qu’il n’y a pas de hiérarchie entre le masculin et le féminin. En Afrique, pour une femme et un homme il y a un terme pour désigner le pluriel au niveau du langage. Mais quand vous regardez des langues comme le français, entre une femme et un homme, c’est le masculin qui l’emporte ; dix femmes et un bébé c’est le masculin qui l’emporte. Je vais plus loin, 50 femmes et un chat c’est le masculin qui l’emporte, c’est grave quand même. Et il y a aussi les médias. Dans les médias vous avez la télévision et autres qui véhiculent des choses graves. Vous avez la publicité... Ces supports sont graves parce qu’ils nous présentent des images dévalorisant la femme...

La quatrième partie de votre livre est intitulée « Vivre pleinement sa vie ». Que voulez-vous dire par là ?

Je voudrais dire que la femme a le droit d’exister, on se demande bien pourquoi nos Etats se sont dotés de constitutions s’il faut que depuis les indépendances tous les gouvernements les violent. En fait il n’y a pas un seul pays sen Afrique qui depuis les années 60 ait respecté la constitution qu’il s’est donnée lui-même. Il faut redonner à la femme sa place, il faut que la femme vive pleinement sa vie, que nos jeunes filles à l’école puissent assumer les tâches qui sont les leurs sans pour autant les exposer.

La cinquième et dernière partie de votre livre est intitulée « Tranche de vie. Entre doute et espoir »

Dans cette partie je fais un clin d’œil à des histoires que j’ai vécues, des femmes que j’ai rencontrées, des couples que j’ai rencontrés....








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