(RV) La communauté de Sant’Egidio tient en ce moment à Florence une conférence internationale sur le thème « Orient et Occident : dialogue de civilisation ». Parmi les intervenants, le cheikh Ahmad Al-Tayeb, imam de la mosquée d’Al-Azhar au Caire, considéré comme l’une des principales autorités de l’islam sunnite. Dans le contexte d’affrontements et de persécutions des minorités par les groupes djihadistes notamment en Syrie et en Irak, le cheikh al-Tayeb a reconnu que le dialogue islamo-chrétien n’a pas réussi, pour le moment, à « circonscrire l’affrontement, ouvert ou latent, entre le monde arabo-islamique et l’Occident, ni à porter une vision commune pour sortir de cette crise mondiale ». Mais il a tenu à rappeler que « rien n’est impossible à Dieu ». Olivier Bonnel
Dans son intervention, devant des responsables chrétiens et musulmans, le cheikh d’Al-Azhar
a insisté sur les influences réciproques entre l’Orient et l’Occident, « qui ne
sont pas filles de notre temps, mais ont été enregistrées au long de l’histoire
». Il a justement évoquée la ville de Florence comme un centre historique majeur pour
les échanges interculturel et donc interreligieux.
Mais qu’est-ce qui définit l’Occident ? s’est interrogé le cheik al-Tayeb. « Est-ce
le christianisme, ou bien la laïcité, ou l’athéisme? Les droits humains, ou bien le
fascisme et le racisme ? L’art, la culture, ou bien le consumérisme ? La science,
la technologie, ou la fabrication des armes de destruction massive ? » Il a
ainsi mis en évidence le fait que le concept même d’Occident est plein de contradictions,
d’une histoire faite de moments lumineux et de pages sombres.
Selon lui, le choc des civilisations mènerait à la disparition conjointe de la
civilisation chrétienne et de la civilisation islamique. Par contre, les échanges
scientifiques et culturels peuvent représenter « une plate-forme commune pour
un rapprochement entre les deux civilisations ».
« L’Orient a beaucoup à offrir à l’Occident pour colmater ses lacunes spirituelles
et religieuses, tout comme l’Occident a tant à offrir à l’Orient pour le relever de
son retard dans les secteurs de la science, de la technique, de l’industrie, de l’agriculture
et de tant d’autres domaines.»
Chacun doit donc reconnaître des qualités à l’autre. « Les Orientaux doivent arrêter
de considérer la civilisation occidentale comme porteuse de maux et irrespectueuse
des valeurs religieuses et des vertus (…) Mon espérance est que l’Occident devienne
moins arrogant, et que l’Orient soit moins suspicieux, afin qu’ils se rencontrent
à mi-chemin, et que ce soit une rencontre de connaissance réciproque, d’affection,
d’échange d’expériences et de bénéfices », a insisté le cheikh Al-Tayeb.
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