2015-05-26 15:13:00

La Banque africaine de développement (BAD) va élire son président


Le poste le plus convoité du moment en Afrique, est celui de président de la Banque africaine de développement, BAD. Son président actuel, le Rwandais Donald Kaberuka, va remettre ce jeudi son tablier après deux mandats pleins de 5 ans chacun, à la tête de l’institution, qui a cinquante ans et est devenue la plus prestigieuse en Afrique après l’Union africaine, instrument d’une vision économique qui est allée s’affirmant et se concrétisant au fil des années. En 2013, la BAD a approuvé 317 opérations, pour un total 6,8 milliards de dollars. Et cela, grâce à l’action de Donald Kaberuka, disent les experts.

Aujourd’hui, malgré quelques voix discordantes, la BAD et son président actuel ont assis l’image d’une certaine stabilité efficace qui a permis à l’Afrique de souffrir moins que d’autres continents de la profonde crise systémique qui a secoué la planète à partir de 2008.

L'Afrique, malgré les conflits, les crises sanitaires comme Ebola, la pauvreté, est devenue la nouvelle frontière de la croissance mondiale, estime un expert occidental. Avec un produit intérieur brut doublé depuis 2000, pour atteindre quelque 2.000 milliards de dollars aujourd'hui, le continent ne fait plus figure de simple mare de doléances et de pertes, un tonneau de Danaïdes. L’Afrique est aujourd’hui un continent en pleine mutation économique, reconnaissent les analystes. Les capitaux privés affluent en Afrique, les grands fonds anglo-saxons s'y développent, plusieurs pays du continent arrivent désormais à se financer directement sur le marché.

Les programmes des candidats à la BAD, sans occulter la pauvreté et le manque d'infrastructures, traduisent ce nouveau pouvoir d'attraction. La plupart entendent diversifier les activités de la BAD, au-delà de son rôle traditionnel de banque du développement, qui prête pour de grands chantiers, en se finançant facilement grâce à son excellente réputation, couronnée par la fameuse note AAA.

Qui sont-ils, les candidats ? 

Ils sont huit, sept hommes et une femme en lice pour le poste de président de la BAD. Les 80 actionnaires de la BAD, 54 pays africains et 26 pays non africains, vont-ils désigner pour la première fois une femme, et pour la première fois une lusophone, la Capverdienne Cristina Duarte?

Ou bien pencheront-ils pour le Nigérian Akinwumi Adesina, 55 ans et ministre de l’Agriculture du gouvernement sortant nigérian du président Goodluck Jonathan? Ce serait consacrer un pays qui, malgré les assauts du groupe islamiste Boko Haram, concurrence l'Afrique du Sud comme chouchou des investisseurs sur le continent. Le Nigéria est un pays considéré aujourd’hui comme la nouvelle locomotive économique du continent africain, ce qui peut jouer en sa faveur. Mais, affirment les observateurs, ce serait briser la règle non écrite interdisant à un poids lourd régional de contrôler l'organisation.

Et, même si le ministre nigérian parle un excellent français, cela pourrait poser quelque perplexité au lobbying  francophone, qui pointe majoritairement sur les candidats parlant français comme le Malien Birama Sidibé ou le Tunisien Jalloul Ayed. Cet économiste de 64 ans, banquier de carrière, a été ministre des Finances de Tunisie. Un pays qui a abrité le siège de la BAD pendant dix ans, avant que les conditions de sécurité ne soient réunies pour son retour en Côte d'Ivoire en 2014.   M. Ayed est aussi le candidat du Maghreb. A moins de préférer à l’un et à l’autre un autre francophone, le Tchadien Bedoumra Kordjé, 63 ans, dont le président Idriss Deby a mené ces dernières semaines une active action de soutien auprès des pays qui comptent, en Afrique et en Europe. Il serait, en tout cas, le premier président de la BAD issu d'Afrique centrale.

Mais il y a aussi les outsiders anglophones comme les candidats de Sierra Leone : Samura Kamara, 64 ans, actuel ministre des Affaires étrangères de ce pays ; du Zimbabwe Thomas, M. Zondo Sakala, 60 ans, soutenu par les pays d’Afrique Australe ou d'Ethiopie, la puissance économique montante du continent, Sufian Ahmed, 57 ans, indéboulonnable ministre des Finances depuis 1995.

Mais revenons à la seule femme de la compétition. Mme Cristina Duarte est ministre des Finances du Cap-Vert, un pays qui jouit d’une bonne côte auprès des investisseurs. Agée de 52 ans, Mme Duarte a été formée au Portugal et aux États-Unis. Elle parle couramment plusieurs langues. Si elle est élue, elle sera la première femme et le premier citoyen d'un pays lusophone à diriger la BAD. 








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