2015-04-16 18:44:00

Plus de dialogue pour lutter contre le terrorisme au Kenya


(RV) Entretien – Lors de la rencontre avec les évêques du Kenya au Vatican, les pensées du Pape sont allées aux victimes de l’attaque du groupe terroriste Shebab, dans le collège universitaire de Garissa, pendant la Semaine sainte.

Festus Tarawalie a posé quelques questions à l’évêque coadjuteur de Garissa, Mgr Joseph Alessandro

« Notre zone géographique a toujours représenté un défi, non seulement pour le climat mais également pour les habitants et, surtout, pour les conflits entre les différents clans. Cependant, ce défi a récemment pris une nouvelle tournure : celle de l’extrémisme islamique, en particulier d’un groupe terroriste en provenance de la Somalie, les shebabs.

Au cours de ces quatre derniers mois, ce groupe a commis trois massacres dans notre diocèse : deux ont été commis peu avant Noël, dans la zone de Mandera. Les enseignants et autres travailleurs s’apprêtaient à partir pour retrouver leurs familles à l’occasion des fêtes de Noël. Leur bus était parti très tôt le matin mais après seulement quelques kilomètres, il a été arrêté par les shebabs.

Ces derniers ont fait descendre tous les passagers et ont séparé les musulmans des chrétiens. Ils ont laissé s’enfuir les musulmans et ont fait étendre les chrétiens faces contre terre pour ensuite leur tirer une balle dans la tête. Ils ont tué 27 chrétiens, catholiques et protestants.

Moins de deux semaines après, dans une carrière de pierre, ce même groupe est entré très tôt le matin et a séparé les musulmans des chrétiens. Ils ont tué 38 de ces derniers. Ce même groupe a ensuite attaqué l’Université de Garissa. De notre maison, nous avons entendu les tirs tôt le matin. Durant le jour, la nouvelle selon laquelle les shebabs avaient attaqué l’athénée et le tenait sous contrôle s’est diffusée. Ils sont entrés, ont commencé à tirer, ont pris des otages et les ont tous tués.

En réaction, le gouvernement veut fermer le camp de réfugiés de Dabaab qui accueille près de 350'000 Somaliens. Il veut également construire une clôture de sécurité. Qu’en pensez-vous ?

Même en réussissant à mettre en œuvre ces deux projets, il ne résoudrait pas le problème. Il faut que le gouvernement renforce ses services de renseignement, afin de prévenir d’éventuelles attaques.

Au niveau de l’Église, quelles sont les initiatives entreprises du point de vue du dialogue interreligieux ?

En tant qu’Église catholique, nous avons lancé il y a un an un programme de dialogue interreligieux entre chrétiens – pas seulement catholiques – et musulmans. Nous avons réussi à faire rencontrer, ensemble, divers groupes de leaders, d’imams avec des presbytères des églises protestantes et nos prêtres.

Nous avons impliqué des groupes de femmes qui ont beaucoup d’influence sur la communauté. Nous avons aussi cherché à impliquer les jeunes, à travers le sport. Nous avons cherché à faire en sorte qu’ils se rencontrent, qu’ils soient ensemble, qu’ils fassent connaissance pour démontrer que l’on peut vivre, travailler et jouer ensemble au-delà des diversités de foi et de religion. »








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