2015-04-03 16:59:00

Caritas dénonce l'enfer des prisons haïtiennes


(RV) A l’occasion du Jeudi Saint, le Pape François a lavé les pieds de détenus, hommes et femmes, dans une prison romaine, le vaste centre de détention de Rebibbia, refaisant le geste d’humilité du Christ envers ses apôtres, lors de la dernière Cène. « Jésus s’est fait esclave pour nous servir, nous guérir et nous laver », a-t-il expliqué. Dans l’assemblée se trouvaient aussi une quinzaine de prisonnières avec leurs enfants. En un peu plus de deux ans de pontificat, le Saint-Père a rendu cinq visites en milieu carcéral et il est resté en contact avec des détenus qu’il a rencontrés lorsqu’il était archevêque de Buenos Aires. 

En écho à l’attention manifestée par le Pape François, Caritas Italie a choisi de publier le Jeudi Saint un dossier sur la situation carcérale dans le monde. L’organisation catholique a choisi un cas emblématique : l’enfer des prisons d’Haïti, le pays le plus pauvre d’Amérique latine. Chiffres et témoignages à l’appui, le rapport décrit les humiliations, tortures, l’absence d’eau potable, les conditions de vie dégradantes. Caritas dénonce la pratique de la détention préventive et arbitraire, le déni du droit à un juste procès, le manque d’assistance légale, la surpopulation, le taux de suicide.

Parfois trois ans en prison pour un simple vol de bananes

Selon la presse locale, les trois quarts des détenus haïtiens ne sont pas jugés à cause des retards du système judiciaire. Le code pénal est lui aussi incorrect ; il n’établit aucune distinction entre l’infraction et la peine. Ainsi, une personne ayant volé une banane peut passer trois ans en détention. Sans compter que de nombreux individus sont oubliés en prison sans avoir jamais été jugés.

Les violations massives des droits humains qui sont perpétrées dans cet univers épouvantable sont connues depuis bien longtemps. Avec une capacité d’accueil de 1500 détenus, le pénitencier national haïtien en compte 4600. Parfois, trois détenus sont contraints de partager un même lit. Un récent rapport des Nations-Unies souligne également le déficit de personnel médical. Les toilettes délabrées sont mal entretenues. Entretemps, le nombre d’homicides commis par des gangs pour contrôler des territoires à Port-au-Prince a augmenté de 24%. 

Et pourtant, Caritas veut y croire : même dans des conditions extrêmes comme celles d’Haïti, il existe des parcours de formation, d’humanisation, de libération et de résurrection. Citant les paroles prononcées par le Pape François, récemment à Naples, le rapport de Caritas affirme que la prison peut aussi devenir un lieu d’inclusion et de miséricorde et pousser la société à être plus juste et attentive aux personnes. Par l’attention qu’il accorde à l’univers carcéral, le Souverain Pontife donne l’exemple. L’émotion des détenus de Rebibbia, jeudi soir, restera dans les mémoires. 








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