2015-03-23 10:03:00

Yémen : l'ONU continue de privilégier le dialogue politique


(RV) C’est le scénario qui menace le Yémen depuis sa réunification en 1990 : une guerre civile qui viendrait re-diviser le pays. Ce dimanche, les Houthis, qui contrôlent déjà depuis plusieurs semaines la capitale Sanaa, ont progressé vers le sud en s’emparant de l’aéroport de Taëz, troisième ville du pays. Selon l’émissaire de l’ONU pour le Yémen, Jamel Benomar, le pays risque de plus en plus la « dislocation » avec une « division croissante entre le nord et le sud ».

Les explications de Jean-Baptiste Cocagne :

Tous les éléments de la guerre civile sont là : un Etat faible, un président en fuite, et des milices lourdement armées, qui ont les capacités pour contrôler des régions entières. L’avancée des Houthis ces derniers jours intervient alors que les attentats perpétrés par les terroristes sunnites continuent, avec d'un côté Al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA) et de l'autre l’Etat islamique (EI), qui a revendiqué le triple attentat dans les mosquées de Sanaa vendredi. Cette attaque avait tué 142 personnes et a marqué l'entrée de l'EI dans le conflit yéménite, qui prend la tournure d'une guerre interconfessionnelle entre chiites et sunnites.

Téhéran, soutien des Houthis

Devant l’aggravation de la situation, l’ONU relance inlassablement ses appels au dialogue et a réitéré son soutien unanime au président en fuite Abd Rabbo Mansour Hadi dimanche soir. Dans une résolution, le Conseil de Sécurité menace également d'établir des sanctions contre les combattants houthis et appelle « tous les Etats membres de l’ONU à s’abstenir de toute ingérence qui attiserait le conflit et aggraverait l’instabilité », une allusion à peine voilée à l’Iran, soutien de la milice chiite houthie. Pourtant, il est « illusoire » de penser que les Houthis puissent s’emparer de l’ensemble du pays, ni que l’armée du président Hadi puisse reprendre par la force le Yémen dans son intégralité. Le constat est établi par l’émissaire de l’ONU pour le Yémen : « continuer les hostilités mènera à un scénario libyen ou syrien » avertit-il.

Pris en tenaille dans ces violences entre chiites et sunnites, les Yéménites risquent d’en subir fortement les conséquences. Près de 16 millions de personnes, soit 60 % de la population, ont déjà besoin d’une aide humanitaire, selon une évaluation de l'ambassadrice américaine auprès de l'ONU Samantha Power.








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