2015-03-12 17:49:00

Le Pape François, la révolution par la parole


(RV) Le 13 mars 2013, le monde découvrait le nouveau souverain pontife s’avançant à la loggia de la basilique Saint-Pierre. Après deux jours de conclave, le cardinal Jorge Maria Bergoglio était élu par les cardinaux pour succéder à Benoît XVI. Deux ans plus tard, le Pape François a imposé un style très personnel qui lui vaut une popularité qui dépasse toutes les frontières. Elu sur un projet réformateur, le souverain pontife a lancé des chantiers tous azimuts : réforme de la Curie romaine et des finances du Saint-Siège, commission de protection des mineurs, décentralisation, sans oublier la vaste réflexion sur la famille à travers deux synodes. Des changements qui ont créé des tensions et mis à jours des fractures dans l’Eglise et provoqué parfois l’inquiétude de certains catholiques quant aux intentions réelles du Saint-Père. Mais si ces grandes réformes sont le reflet du volontarisme du Pape argentin et jettent la lumière sur son caractère, il semble que sa nature profonde est avant tout celle d’un pasteur pour qui l’essentiel est la Parole. D’où un attrait inédit pour ses homélies.

Par choix personnel du Pape, le centre de gravité de la vie pontificale s’est déplacé des splendides palais pontificaux à la simplicité de la Maison Sainte-Marthe. C’est tous les matins, dans la chapelle de cette résidence que le Saint-Père célèbre la messe, entouré d’une cinquantaine de fidèles. A l’issue de la cérémonie, François vient s’assoir au milieu d’eux pour se recueillir. C’est là, qu’avant même d’être le successeur de Pierre, ou encore l’évêque de Rome François est avant tout « curé de paroisse ».

« L’homélie est la pierre de touche pour évaluer la proximité et la capacité de rencontre d’un pasteur avec son peuple »  rappelle le souverain pontife dans « Evangelli Gaudium ». L’homélie à laquelle il consacre dans cette exhortation apostolique pas moins de 24 paragraphes. Pour le Pape argentin, l’urgence est d’abord celle de rappeler l’Evangile au sens littéral, à travers la vie de Jésus, dans l’imprégnation de sa Parole. « L’annonce évangélique doit être plus simple, profonde, irradiante » expliquait-il dans son interview aux revues jésuites, soulignant même que « l’annonce de l’amour salvifique de Dieu est premier par rapport à l’obligation morale et religieuse. » Pour le pontife argentin, la mission première de l’Eglise est bien de retrouver la « fraîcheur de l’Evangile » pour mieux la transmettre au monde.

Retrouver la « fraîcheur de l’Evangile »

« On a l’impression qu’il nous donne cette parole comme elle est arrivée ce matin dans sa prière » témoigne, impressionné, le cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon, de passage à Rome ces jours-ci, et qui a assisté à la messe matinale à Sainte-Marthe. D’où ce style, inattendu d’abord, devenu familier. « Jésus nous conseille de ne pas jouer de la trompette » explique-t-il par exemple pour parler de l’humilité du chrétien, « l’Eglise ne peut pas être une baby-sitter qui prend soin d’un enfant pour qu’il s’endorme. S’il en était ainsi, ce serait une Eglise assoupie » déplore-t-il un autre matin, sans parler des « chrétiens de salon » qu’il a fustigés quelques semaines après son élection, une expression devenue par la suite très populaire. Un succès qui semble dépasser le Saint-Père lui-même : les homélies du Pape François ont été éditées en plusieurs langues par de nombreuses maisons d’édition, montrant une vraie demande, à tel point que trois mois après son élection, le souverain pontife a dû s’opposer à une retransmission en direct de la messe à Sainte-Marthe afin qu’elle conserve son aspect familial et spontané.

L’homélie « dépasse toutes les catéchèses parce qu’elle est le moment le plus élevé du dialogue entre Dieu et son peuple » écrit encore le Pape dans « Evangelli Gaudium ». Mais ce moment liturgique ne s’improvise pas, même si le Pape n’hésite pas à parler sans note. Dans sa mission pastorale, François a donc tenu à faire publier, en février dernier, un directoire sur les homélies, véritable manuel aidant à la prédication. L’importance donné à la méditation de la Parole est primordiale pour le Pape jésuite. En témoigne les distributions de missels aux fidèles réunis place Saint-Pierre lors des Angélus, ou dernièrement, celle d’un livret pour entrer en Carême. Verbe haut, parfois cinglant, le Pape a donc toujours à cœur de ramener ses interlocuteurs à l’Evangile, simples fidèles ou cardinaux appelés à le seconder. Ainsi lorsque, le 15 février dernier, lors de la messe avec les nouveaux cardinaux, il évoque Jésus touchant le lépreux pour expliquer la logique de la miséricorde à laquelle sont appelés les cardinaux. 








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