2015-03-07 19:21:00

Les 50 ans de la réforme liturgique célébrée par le Pape François


(RV) Entretien - Samedi dernier, le Pape François célébrait une messe dans l’église romaine de la Toussaint à Rome, la même église où, cinquante ans auparavant, Paul VI célébrait pour la première fois une messe en italien. C'était l'une des conséquences de la réforme liturgique du Concile Vatican II. Comme l’expliquait Paul VI en 1965, cette réforme visait à associer le peuple de Dieu à l’action liturgique sacerdotale, d'où une messe célébrée dans la langue vernaculaire ou l’autel positionné face au peuple.

Le frère Patrick Prétot est moine de l’abbaye de La-Pierre-qui-Vire, dans le département de l’Yonne, en France et directeur de la revue La Maison-Dieu. Il est l’ancien directeur de l’Institut supérieur de liturgie à l’université catholique de Paris. Il revient avec Antonino Galofaro sur les changements introduits par Vatican II en matière de liturgie 

Les éléments les plus significatifs, ceux qui ont été perçus de manière la plus visible par le peuple chrétien, c’est surtout trois choses fondamentales : le passage à la langue vernaculaire. Deuxièmement, le prêtre qu’on a mis face au peuple. Et troisièmement, la structuration de la messe autour des deux pôles : la parole et l’eucharistie. Ce qui me frappe, si vous voulez, toutes ces choses-là sont justes mais l’essentiel n’est pas là. L’essentiel, il me semble, est dans l’affirmation par le Concile que la liturgie est un mystère. Le numéro deux de la Constitution sur la liturgie de Vatican II exprime cela en manifestant finalement dans la liturgie, ça c’est une formule de Jean-Paul II pour le 25°anniversaire, « ce que nous faisons nous est moins important que ce que Dieu fait pour nous invisiblement par son esprit ». Je pense que parmi les grandes questions aujourd’hui, c’est de retrouver ce sens au fond de la liturgie par delà les changements de forme.

Vous pensez donc qu’elle n’a pas été perçue comme elle aurait du être perçue aujourd’hui, 50 ans plus tard ?

Je dirais plutôt que nous avons vraiment, aujourd’hui, un besoin pressant à retrouver le dynamisme qui a conduit à la réforme liturgique. C’est-à-dire que nous avons à nous réinsérer dans ce grand mouvement qu’on appelle le mouvement liturgique qui s’inaugure dès le 19e siècle avec notamment Prosper Guéranger, le refondateur de Solesmes et aussi avec les moines belges du mouvement liturgique du début du 20e siècle et plus tard, au milieu du 20e siècle avec le CPL, le Centre Pastorale Liturgique. Nous avons à retrouver cette dynamique qui a conduit ces hommes à militer pour que le peuple chrétien participe activement à la liturgie. Et participer activement, ça ne veut pas dire faire quelque chose, mais ça veut dire entrer vraiment en profondeur dans ce que l’Église vit lorsqu’elle célèbre la liturgie. La participation active est un thème que le Mouvement Liturgique a emprunté à Saint Pie X dans un motu proprio de 1903 sur la musique liturgique.

Donc, il y a 50 ans, l’Eglise avait besoin de rapprocher ces fidèles qui s’étaient éloignés ? On peut le voir aussi comme cela ?

Pour une part, disons bien antérieure, l’éloignement des fidèles de la vie liturgique proprement dite, date déjà du haut Moyen-âge. Pendant des siècles, la liturgie est apparue d’abord comme une affaire où les clercs, une affaire dont les clercs étaient à la fois les responsables mais aussi les acteurs principaux. Il faut attendre justement ce 20° siècle et Saint Pie X mais ce sera aussi Pie XII en 1947 dans l’encyclique Mediator Dei qui, par exemple, affirmera très solennellement que les fidèles offrent le sacrifice de l’Eucharistie non seulement par les mains du prêtre mais avec le prêtre. C’est le grand thème à Vatican II de l’exercice du sacerdoce commun des fidèles qui est notamment manifesté dans les numéros 10 et 11 de la constitution sur l’Église Lumen Gentium. 








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