2015-02-11 17:01:00

Les défis de l'Eglise anglicane d'Angleterre


(RV) Entretien- Comment pallier la baisse du nombre de fidèles dans ses églises ? L’Eglise anglicane d’Angleterre planche sur cette question ces jours-ci à l’occasion de son synode général, réuni jusqu’à jeudi à York. Les archevêques de Cantorbéry et de York ont publié le 12 janvier un document appelant l’Eglise d’Angleterre à se « réformer et se renouveler » pour enrayer son déclin. Ces quarante dernières années, la participation aux offices dominicaux a baissé en moyenne de « 1% par an ». Professeur de civilisation britannique à l’université de Paris 8 et spécialiste de l’anglicanisme, Remy Bethmont revient sur la structure de l’Eglise d’Angleterre, et sur ses tentatives pour inverser la tendance :

Sur le plan liturgique et ecclésiologique, il y a deux grands courants : il y a un courant anglo-catholique. Pour dire les choses très rapidement, c’est un peu un catholicisme sans Pape. Et puis, il y a un mouvement évangélique qui est très marqué par une identité protestante très forte. S’ajoute une autre opposition, beaucoup plus de nature doctrinale, théologique, entre un courant libéral et conservateur ou traditionnaliste. Chaque anglican va se situer plus ou moins par rapport à ces quatre pôles : libéral, conservateur, anglo-catholique ou évangélique.

Est-ce que ces quatre pôles doivent faire face aux mêmes défis ? Je pense notamment au nombre de fidèles. Est-ce qu’il y a certains mouvements qui grossissent et d’autres, au contraire, qui diminuent plus rapidement que les autres ?

Depuis les années ’70-’80, les évangéliques ont souvent dit qu’ils avaient une vraie vision pour la croissance numérique de l’Église, pour ré-évangéliser. Il y a eu une décennie de l’évangélisation dans les années 90. Les évangéliques ont fait beaucoup. Ce n’est pas du tout évident. Il y a eu des résultats, disons, sur le plan quantitatif. Je dirais que le déclin numérique, probablement touche tous les courants, y compris celui qui a été le plus actif, sans doute pour essayer de renverser la tendance.

Comment vous définiriez les défis de l’Église d’Angleterre aujourd’hui ?

Ce sont les défis de toutes les Églises européennes. Comment parler une langue qui soit comprise par une population qui est de plus en plus sécularisée, qui connait de moins en moins des sources chrétiennes, la tradition chrétienne ? Il y a aussi un décalage entre certaines prises de position officielle et donc, la majorité croit dans les sociétés européennes. En ce moment, l’Église d’Angleterre a un gros problème avec sa position officielle sur la question de l’homosexualité et en particulier, la question de l’ouverture du mariage aux gays et lesbiennes. Il y a eu des effets, notamment des « fresh expressions of the Church », les « nouvelles expressions de l’Église ». Depuis une quinzaine d’années, l’Église d’Angleterre  a essayé de proposer de nouvelles manières d’incarner l’Église dans la vie quotidienne. Au lieu que les gens aillent dans une Église médiévale tous les dimanches matins, chanter des cantiques, écouter un sermon, etc, on a imaginé d’autres choses. Il y a ces nouvelles expressions de l’Église qui peuvent être, par exemple, une réunion un dimanche -ou d’ailleurs pas forcément un dimanche- qui va être plus particulièrement ciblée sur un groupe qui, pour une raison ou pour une autre, a localement de l’importance. Je sais qu’il y a eu une expression de l’Église qui était ciblée sur les jeunes gothiques avec un culte qui puisse leur parler. Il y a toute sorte de tentatives qui, pour une bonne partie d’entre elles, existent encore. Là encore, sans doute cela touche des populations qui, sans cela, n’auraient pas été touchées par l’Église mais ça n’a pas pour autant renverser la tendance de déclin numérique. 








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