2015-02-09 12:08:00

La résistance aux antibiotiques, grave problème de santé


La résistance aux antibiotiques : un grave problème de santé publique

Une consommation excessive et inappropriée d'antibiotiques ainsi que l'usage de ces médicaments dans l'élevage pour doper la croissance du bétail ont conduit à un affaiblissement des effets des antibiotiques dans le corps humain. Selon un rapport de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) qui date d’il y a un an, la résistance existe pour de nombreux agents infectieux, mais plus particulièrement aux antibiotiques contre sept bactéries responsables de maladies graves courantes comme les septicémies, les diarrhées, les pneumonies, les infections des voies urinaires et la gonorrhée. L’Organisation prépare cette année un plan d'action au niveau mondial contre la résistance microbienne. Les conclusions récentes d'une commission d'experts réunie par le gouvernement britannique indiquent que cette résistance aux antibiotiques pourrait provoquer dix millions de morts par an dans le monde en 2050. C’est donc un grave problème de santé publique, dont commencent à s’inquiéter les dirigeants du monde.

Aux Etats-Unis, le président Barack Obama a décidé de s’attaquer au problème en allouant plus de fonds aux secteurs de la  lutte et de la prévention contre la résistance microbienne aux antibiotiques. Cet accroissement "améliorera l'usage des antibiotiques, renforcera l'évaluation du risque de résistance microbienne, la surveillance sanitaire, et stimulera l'innovation de la recherche dans la santé humaine et les secteurs agricoles", explique la présidence.

La Maison Blanche a souligné que des chercheurs financés ont récemment mis au point une nouvelle technique permettant d'extraire de puissants antimicrobiens du sol dont la teixobactine.

Il s'agit du premier nouvel antibiotique découvert en plus de 25 ans et cette augmentation du budget fédéral permettra de soutenir ce type de recherche innovante et de découvertes.

Virologues et autorités sanitaires dans le mettent de plus en plus en garde contre le danger de la résistance microbienne grandissante qui, si elle continuait au rythme actuel, pourrait laisser la médecine impuissante face à des infections banales pour renvoyer le monde "au Moyen-Âge de la médecine".

Or les antibiotiques sont la principale révolution médicale du 20è siècle, et la résistance le revers inquiétant de sa médaille. Les antibiotiques sont des molécules naturellement synthétisées par des microorganismes pour lutter contre des bactéries concurrentes de leur environnement. Il existe aujourd’hui plusieurs familles d’antibiotiques. Mais leur efficacité remarquable s’est accompagnée de leur utilisation massive et répétée. Ponctuelles au départ, ces résistances sont devenues massives et préoccupantes. Certaines souches sont multi-résistantes, c’est-à-dire résistantes à plusieurs antibiotiques. D’autres sont même devenues toto-résistantes, c’est-à-dire résistantes à tous les antibiotiques disponibles.

Le phénomène est d’autant plus grave que la résistance acquise, celle apportée par la consommation de produits fabriqués par l’homme, vient s’ajouter à une résistance naturelle. Résistance acquise + résistance naturelle créent une situation de préoccupation.

La résistance aux antibiotiques peut en effet s’exprimer au travers de plusieurs mécanismes : production d’une enzyme modifiant ou détruisant l’antibiotique, modification de la cible de l’antibiotique ou encore, imperméabilisation de la membrane de la bactérie.

Certaines bactéries sont naturellement résistantes à des antibiotiques. On parle alors de résistance innée. Leur patrimoine génétique les rend insensibles à un certain nombre d’agents. Plus préoccupant, le phénomène de résistance acquise entraine l’apparition subite d’une résistance à un ou plusieurs antibiotiques auxquels la bactérie était auparavant sensible. Ces résistances peuvent survenir via une mutation génétique affectant le chromosome de la bactérie, permettant à cette dernière de contourner l’effet délétère de l’antibiotique. Elles peuvent aussi être liées à l’acquisition de matériel génétique (plasmide)porteur d’un ou plusieurs gènes de résistance, en provenance d’une autre bactérie. Les résistances chromosomiques ne concernent en général qu’un antibiotique ou une famille d’antibiotiques. Les résistances plasmidiques peuvent quant à elles concerner plusieurs antibiotiques, voire plusieurs familles d’antibiotiques. Elles représentent le mécanisme de résistance le plus répandu, soit 80 % des résistances acquises. (RV/AFP)

 








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