Le casse-tête du Liban devant l'afflux de réfugiés syriens

(RV) Signe que les autorités et ONG libanaises sont de plus en plus en difficulté devant le flux ininterrompu de réfugiés en provenance de Syrie : les futurs réfugiés syriens devront à présent obtenir un visa pour s’installer au Liban. Depuis le 5 janvier dernier, les autorités libanaises veulent ainsi limiter le nombre d’émigrés fuyant la guerre et les violences. 

Officiellement, le Liban compte à ce jour plus d’un million de réfugiés provenant de Syrie, ce qui représente 25% de la population totale. Mais dans la réalité, ils sont bien plus nombreux. Selon le Haut-Commissariat des Nations-Unies pour les réfugiés (HCR), près de 3 millions de Syriens auraient ainsi passé la frontière depuis le début du conflit fin 2011. Une situation compliquée pour le Liban, comme l’explique le père Paul Karam, président de la Caritas locale, à Anne-Sophie Saint-Martin.

« Il y a beaucoup de conséquences, à commencer par l’aspect sécuritaire. Au niveau du pays, la sécurité a vraiment dévié vers des questions de délinquance, de vols, de meurtres, etc. Selon des responsables de la police, on est désormais au seuil d’un taux de 60% de délinquance. Autrefois, ce taux était compris entre 10 et 15%. Il y a aussi un aspect démographique en jeu. Il y a pas mal de nouveau-nés syriens qui naissent sur le territoire libanais et qui ne peuvent être inscrits ni au Liban ni en Syrie. Il y a un autre aspect économique et social. Est-ce que les infrastructures libanaises doivent être disponibles seulement pour les Libanais ? Bien sûr que non ! Avec ce nombre énorme de réfugiés, qu’est-ce qu’il nous reste comme électricité, eau, gaz, comme toute infrastructure du pays ? Il y a aussi un aspect au niveau des conséquences sur l’économie. Il y a bien sûr des Syriens qui prennent la place des travailleurs libanais et qui ne paient ni taxes, ni impôts, ni pour la sécurité. En revanche, le Libanais, en revanche, paie tout cela. »