2015-01-15 15:05:00

N'oublions pas le Nigeria !


(RV) Entretien Alors que la campagne présidentielle bat son plein au Nigeria, des villes et des villages entiers se sont vidés de leur population à la frontière du Niger ces dernières semaines : la conséquence de la terreur répandue dans le nord-est du pays par Boko Haram. Il y aurait entre 180 000 et 200 000 personnes réfugiées dans les pays alentours depuis le début du conflit.

Le groupe islamiste radical ne s'en est pas tenu à l'attaque extrêmement meurtrière de Baga, sur les rives du lac Tchad, la semaine dernière. Selon l'organisation Amnesty International, des centaines de personnes, si ce n'est plus, pourraient avoir été tuées dans cette offensive lancée le 3 janvier qui semblait viser les milices civiles d'auto-défense assistant l'armée nigérienne contre Boko Haram.

Aymeric Elluin, chargé de campagne "Armes et Impunité" à Amnesty France craint que Boko Haram ne détourne les élections présidentielles du Nigéria le 14 février prochain, et parvienne à exporter le conflit au-delà des frontières, notamment au Cameroun :

 

L'indifférences des médias occidentaux selon le COE

Le Conseil Œcuménique des Eglises (COE) a pour sa part exprimé son indignation et son inquiétude face aux attaques féroces perpétrées par le groupe extrémiste Boko Haram au Nigeria et à l’utilisation d’enfants pour commettre des attentats suicide. Rien ne peut justifier de tels actes aberrants, souligne le COE en demandant aux autorités nigérianes d’y répondre de manière efficace. L’organisation qui regroupe la plupart des Eglises chrétiennes se dit par ailleurs déçue par le peu d’attention accordée par les médias internationaux à cette situation dramatique. Il s’agit, selon elle, d’une attitude discriminatoire. Sans minimiser la gravité des événements de Paris, le COE regrette profondément que le Nigéria n’ait pas bénéficié d’une solidarité mondiale équivalente à celle qui a été réservée à la France. Enfin, le Conseil apporte son soutien à l’appel des responsables religieux nigérians qui réclament une plus grande solidarité de la part de la communauté des nations.

A Rome, ce jeudi soir, la communauté catholique Sant ‘Egidio organise une veillée de prière en mémoire des victimes de la violence et du terrorisme au Nigéria ; une veillée intitulée « Nous sommes tous nigérians » et présidée par Mgr Vincenzo Paglia, président du Conseil pontifical pour la famille. Sant ‘Egidio veut rappeler que la France n’est pas le seul pays à avoir été touché ces jours derniers par une violence inouïe. Dans le nord-est du Nigéria, le bilan est très lourd. Sant ’Egidio qui a participé à la marche de Paris, en faveur d’une Europe unie dans sa diversité, lance un appel pour que le drame que vit actuellement la population du Nigéria, chrétiens et musulmans confondus, ne soit pas oublié ou relégué au second plan.

Une violence d'une cruauté inouïe

L’utilisation monstrueuse des enfants comme machines de guerre montre que Boko Haram a atteint un niveau de violence inacceptable pour toutes les cultures, civilisations et religions. La communauté nigériane de Rome a été invitée à se joindre à cette veillée ainsi que des mouvements engagés en faveur de l’accueil des étrangers en Europe. Sant’Egidio rappelle qu’on ne peut pas tuer au nom de Dieu et invite à la mobilisation pour arrêter cette tragédie qui déstabilise le Nigéria et les pays du Sahel.

Au Nigéria, de nombreux représentants de la communauté musulmane ont commencé à prendre leurs distances par rapport à Boko Haram et ont condamné leurs actions. Pour le président de la conférence épiscopale, toutefois, il faut faire davantage. Mgr Ignatius Kaigama souhaite une grande manifestation d’unité nationale par-delà les divisions politiques, ethniques et religieuses pour dire non à la violence.








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