2015-01-14 14:46:00

La Vierge de Madhu, pour un vrai repentir et une réconciliation plus grande


Le Sri Lanka a depuis ce matin son premier saint. Joseph Vaz, un maitre, un modèle... La messe de canonisation a rassemblé plus de 500 000 personnes, dans une atmosphère de grande joie et de grande paix.

Embrassant d’un regard le paysage conduisant au nord du pays, le Pape a ensuite effectué les près de 250 km séparant Colombo à Madhu en hélicoptère, accompagné de sa délégation. Un petit groupe de journalistes, représentant tout type de media a suivi, eux aussi héliportés.

A son arrivée, François a trouvé, là encore, une foule enthousiaste, colorée, joyeuse mais calme. Plusieurs dizaines de milliers de personnes. Le Pape a reçu un collier de larges fleurs violettes. Des fanions aux couleurs du Saint-Siège étaient suspendus tout au long du parcours en papamobile. En descendant de la jeep blanche, François a embrassé des enfants. Il a gravi les quelques marches conduisant à l’entrée du sanctuaire, et ouvert le temps de prière.

Marie Duhamel, notre envoyée spéciale

Un signe de croix et du silence s’est élevé un chant d’invocation à l’Esprit saint : un Veni Creator à la Sri Lankaise avec des tambourins, mais d’une très grande douceur. Chants et prières étaient en tamoul et en cinghalais. Dans les deux langues, on a traduit l’intervention du Pape. Au santuaire marial de Madhu, François a remercié la Vierge d’avoir protégé le peuple Srilankais de « tant de dangers ». Ici, un camps de déplacés avait été installé pendant la guerre, accueillant tous ceux qui avaient besoin d’un refuge. « Il y a ici aujourd’hui des  familles qui ont souffert immensément durant le long conflit ». Il dura trente-sept ans pour s’achever de manière sanglante il y a tout juste cinq ans.

Et c’est là, au pied de la Vierge, mère protectrice, que le Pape a demandé « la grâce de faire réparation pour nos péchés et tout le mal que cette terre a connu ». Prendre sur son dos les responsabilités du passé. Ce n’est « pas facile », admet François. Mais « c'est seulement quand, à la lumière de la Croix, nous arrivons à comprendre le mal dont nous sommes capables, auquel peut-être nous avons pris part, que nous pouvons faire l'expérience d'un vrai remords et d'un vrai repentir ».

Dans ce difficile effort pour pardonner, « Marie est toujours là pour nous encourager », a affirmé François. Le Pape invite donc à prier la Vierge, car elle veut guider les Srilankais vers « une réconciliation plus grande». « Que le baume du pardon de Dieu produise une vraie guérison pour tous. François a salué « les efforts » des Tamouls comme des Cinghalais pour reconstruire l'unité qui a été perdue ».

François a ensuite  béni la foule avec la statue originale de la Vierge de Madhu, portant l’enfant Jésus dans ses bras, tous les deux couronnés d’or, enveloppés d’un manteau de soie crème, incrustés d’or Le bleu couleur de la Vierge était également très présent : des rubans de tulle, et des fleurs. Le diocèse a offert à François une reproduction en bois de la statue. Il ne l’a plus quittée. Le Pape a offert un chapelet d’or au sanctuaire.

 

Le Sanctuaire marial de Madhu, situé en terre tamoul dans le petit diocèse de Mannar, est fréquenté par les catholiques (90% de la population locale), mais aussi par des fidèles d’autres religions. Le 15 août, 600 000 fidèles y sont réunis chaque année. « Our Lady of Madhu » a plus de 400 ans d’histoire. En 1544, le roi de Jaffna, Sankili, a fait massacrer quelques 600 chrétiens du diocèse convertis par les Portugais. Certains fidèles, échappant au massacre, se sont rendus dans la jungle y installant la statue de la Vierge. Des Eglises furent ensuite construite aux alentours. Mais, de nouveau, une persécution, cette fois, ce sont les Hollandais qui les pousse à fuir. Trente familles vont de village en village avec la statue. Ils s’installent finalement à Maruthamadhu, là où se trouve le sanctuaire actuel.

Texte intégral du Pape François:

Sanctuaire de Madhu
Chers frères et sœurs,
Nous nous trouvons dans la demeure de notre Mère. Ici, elle nous souhaite la bienvenue dans sa maison. Dans ce sanctuaire de Notre-Dame de Madhu, chaque pèlerin peut se sentir chez lui, puisqu’ici Marie nous introduit en la présence de son Fils Jésus. Ici, des Sri Lankais, Tamouls et Singalais viennent tous comme membres d’une authentique famille. À Marie, ils confient leurs joies et leurs souffrances, leurs espérances et leurs nécessités. Ici, dans sa maison, ils se sentent en sécurité. Ils savent que Dieu est très proche ; ils sentent son amour ; ils connaissent sa tendre miséricorde.
Il y a ici aujourd’hui des familles qui ont souffert immensément durant le long conflit qui a lacéré le cœur du Sri Lanka. Beaucoup de personnes, du nord et du sud de la même manière, ont été tuées dans la terrible violence et dans l’effusion de sang de ces années. Aucun Sri Lankais ne peut oublier les tragiques évènements associés à ce lieu même, comme le triste jour où la vénérable statue de Marie, datant de l’arrivée des premiers chrétiens au Sri Lanka, a été enlevée de son sanctuaire.


Mais Notre-Dame est restée toujours avec vous. Elle est la Mère de toute demeure, de toute famille blessée, de tous ceux qui cherchent à retourner à une existence pacifique. Aujourd’hui, nous la remercions d’avoir protégé le peuple du Sri Lanka de tant de dangers, passés et présents. Marie n’oublie jamais ses enfants de cette splendide île. Comme elle n’a jamais abandonné son Fils sur la Croix, ainsi elle n’a jamais abandonné ses enfants Sri Lankais souffrants.
Aujourd’hui, nous voulons remercier Notre-Dame pour cette présence. Après tant de haine, tant de violence et tant de destruction, nous voulons la remercier pour continuer à nous apporter Jésus, qui seul a le pouvoir de guérir les blessures ouvertes et de restaurer la paix dans les cœurs meurtris. Mais nous voulons aussi lui demander d’implorer pour nous la grâce de la miséricorde de Dieu. Nous demandons aussi la grâce de réparer nos péchés et tout le mal que cette terre a connu.


Il n’est pas facile de faire cela. Cependant, c’est seulement quand nous arrivons à comprendre, à la lumière de la Croix, le mal dont nous sommes capables, et auquel peut-être nous avons pris part, que nous pouvons faire l’expérience d’un vrai remords et d’un vrai repentir. C’est seulement alors que nous pouvons recevoir la grâce de nous approcher l’un de l’autre avec une vraie contrition, en offrant et en cherchant le vrai pardon. Dans ce difficile effort de pardonner et de trouver la paix, Marie est toujours ici pour nous encourager, nous guider, nous faire faire un autre pas. Exactement comme elle a pardonné aux assassins de son Fils au pied de sa Croix, en tenant alors entre les mains son corps sans vie, ainsi maintenant elle veut guider les Sri Lankais vers une réconciliation plus grande, en sorte que le baume du pardon de Dieu et de sa miséricorde puisse produire une vraie guérison pour tous.
Enfin, nous voulons demander à Marie notre Mère d’accompagner de ses prières les efforts des Sri Lankais des deux communautés Tamoule et Singalaise pour reconstruire l’unité qui a été perdue. Comme sa statue est revenue à son sanctuaire de Madhu après la guerre, ainsi nous prions pour que tous ses fils et filles Sri Lankais puissent retourner à la maison de Dieu dans un esprit renouvelé de réconciliation et de fraternité.


Chers frères et sœurs, je suis heureux d’être avec vous dans la demeure de Marie. Prions les uns pour les autres. Surtout, demandons que ce sanctuaire puisse toujours être une maison de prière et un refuge de paix. Par l’intercession de Notre-Dame de Madhu, que tous puissent trouver ici inspiration et force afin de construire un avenir de réconciliation, de justice et de paix pour tous les enfants de cette terre bien-aimée. Amen.
 

 








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