2015-01-12 15:21:00

Mgr Gollnisch, à la tête de L'Œuvre d'Orient, décrypte la situation en France


(RV) Entretien - Le Pape François a fustigé ce lundi les formes déviantes de religion et les terroristes qui massacrent au nom de Dieu en France, en Irak ou encore au Nigeria. Il a renouvelé son appel aux responsables, en particulier musulmans à condamner toute interprétation fondamentaliste et extrémiste de la religion. Il a répété avec émotion qu’un Moyen-Orient sans chrétiens serait un Moyen-Orient défiguré et mutilé.

A Paris, 17 personnes ont été tuées lors d’attaques menées par des jihadistes. L’émotion et la mobilisation restent fortes après la marche républicaine de dimance à Paris.

Mgr Pascal Gollnisch est directeur général de L'Œuvre d'Orient et vicaire général du diocèse de Paris pour les catholiques orientaux de France. S'il se réjouit de cette démonstration d’unité en France, il estime que cette mobilisation doit se doubler d’une véritable prise de conscience. 

 

Cette unité nationale suppose tout de même qu’il y ait des valeurs qui nous unissent. Nous avons assisté ces dernières années, notamment en France, à une sorte d’éclatement des valeurs. Le relativisme ambiant que les Saints-Pères successifs ont dénoncé, ont parfois comme conséquence qu’on ne sait plus autour de quoi se réunir. Donc, je suis heureux qu’on puisse se réunir contre le terrorisme. J’aimerais qu’on puisse se réunir pour des valeurs fondamentales. Je pense qu’il y a des valeurs du vivre-ensemble qui sont aussi des valeurs de respect mutuel, de respect de l’adversaire. Je ne peux pas ne pas penser que cette violence terroriste frappe aussi chaque jour en Orient et qu’en particulier, des chrétiens étaient tués en représailles contre un certain nombre de caricatures qui étaient faites, soit à Paris soit au Danemark. Je ne suis pas en train de dire que ceci est la cause de cela. Je souhaite simplement qu’on réfléchisse à nos attitudes responsables. Et je pense que le respect mutuel doit être une des formes de ce vivre-ensemble. On peut avoir de l’humour, de la dérision mais pas forcément manquer de respect ! Et nous devons réfléchir à la manière dont nous nous respectons mutuellement. Le manque de respect nourrit les violences, les accentue. Ca ne construit pas des ponts, des chemins de paix.

Vous pensez qu’on est au début de quelque chose ?

Ce n’est pas impossible. Je pense qu’il faut une prise de conscience en France que ce qui se passe en Syrie, en Irak et dans d’autres pays du monde nous concerne. La mondialisation, c’est aussi une mondialisation de la violence dans ses causes et dans ses modalités : la manière dont nous laissons des gens quitter la France pour aller se battre en Syrie et ne pas imaginer qu’un jour ou l’autre, ça se retourne contre nous. On dit qu’il y a des milliers de gens -peut-être cinq milles européens- qui sont allé se battre en Syrie avec les djihadistes. Etant donné les moyens d’observation, d’information et de renseignement dont nous disposons, on ne va pas me faire croire que Gaziantep, qui est une ville turque à côté de la frontière turco-syrienne est tout d’un coup devenu brutalement une destination touristique qui fait que 5 mille européens s’y sont rués et que personne n’y a trouvé à redire. Nous avons été légers. Et malheureusement, cela se retourne contre nous. Nous faisons des frappes aériennes mais est-ce que nous prenons suffisamment les moyens de contrer cette violence ? Cela suppose également de s’attaquer aux causes profondes. Ces causes sont multiples : elles sont économiques, politiques. Le conflit israélo-palestinien exacerbe ces violences. Mais elles viennent aussi du fait que l’Islam est parfois confronté à un sentiment d’être méprisé. L’attitude de la violence est une attitude désespérée. Le djihadisme est comme une attitude de désespoir en réalité. S’ils avaient d’autres moyens, ils feraient autrement.

Concrètement, en France, par quoi passe cette formation humaine, spirituelle, cette meilleure connaissance de l’Islam ? Par l’éducation, par exemple ? 

Vous savez que la France est un pays de laïcité. Nous sommes tous attachés à la laïcité. Mais parfois, de la laïcité déborde le simple principe d’une neutralité de l’État vis-à-vis des différents courants religieux pour être une sorte de laïcité athée qui dit que nous ignorons tous le courants religieux. Ce n’est pas tout à fait la même chose. Cette influence que j’appellerai laïciste a eu pour conséquence que dans un certain nombre de lieux d’éducation, l’école, le collège, le lycée mais aussi l’université, les grandes écoles, le fait religieux, la dimension religieuse soit sous enseigné.  

 

 








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