2015-01-12 06:32:00

Le Sri Lanka, meurtri par la guerre, attend le Pape de la paix


(RV) Décollage imminent pour l’Asie. Après une prière devant l'icône de la Vierge Marie « Salus populi romani » de la basilique Sainte-Marie-Majeure dimanche soir, le Pape François s’apprête à effectuer son deuxième voyage apostolique dans la région, en moins de six mois, après la Corée du Sud au mois d’août dernier. L’avion papal s’envolera ce lundi soir avec à son bord plus de 80 journalistes et, bien sûr, la délégation pontificale, composée notamment du cardinal Parolin, Secrétaire d’Etat, du Préfet de la Congrégation pour l’Evangélisation des peuples, le cardinal Filoni et du cardinal Sarah, en sa qualité de président émérite du Conseil pontifical Cor unum.

Avant de se rendre aux Philippines pour consoler et encourager un archipel frappé par un typhon gigantesque et meurtrier l’an dernier, le Pape se rend au Sri Lanka, un pays insulaire, situé au sud de l’Inde.

Drapeaux aux couleurs du Vatican

Sur place, les panneaux souhaitant la bienvenue à François cohabitent le long des routes avec des statues de Bouddha. Paysage coloré qui défile, composé de tuk-tuk verts, rouge et bleus ; de vélos et motos sur lesquels, on peut même tenir à trois ou quatre ; de bâtiments neufs modernes blancs, mais aussi de maisons ocres, roses ou bleues pastel qui mériteraient un ravalement de façade. Architecture hétéroclite rythmée tous les cinq mètres de drapeaux aux couleurs du Vatican et d’autres aux couleurs du Sri Lanka. Ils ont fait leur apparition un peu partout sur le parcours de la papamobile que François empruntera pour se rendre de l’aéroport à la capitale, trente-cinq kilomètres déjà empruntés par Saint Jean-Paul II en 1995 (la dernière visite d’un Pape sur l’île, mais pas la première. En 1970, Paul VI y fit le dernier voyage de son pontificat).

Pendant une heure mardi matin, après un premier discours aux autorités à l’aéroport, le Pape saluera la foule. Elle promet d’être nombreuse sur le bord de la route, car cette zone est habitée à 60 % par des catholiques. Dimanche matin, il n’est même pas huit heures, que des enfants et leurs parents s’engouffrent déjà dans leur église sur le bas-côté, à deux jours de l’arrivée du Pape. Cette zone au nord de la capitale est cependant peu représentative. Les catholiques  constituent une petite minorité sur l’île, à peu près 7%, contre plus de 70% de bouddhistes (Cinghalais), 15% d’hindous (Tamouls) et 10% de musulmans. Dans les parcs de Colombo dimanche, des femmes entièrement voilées faisaient d’ailleurs jouer leurs enfants aux côtés de femmes catholiques, bouddhistes ou hindoues, en « osariya », le sari local, ou en vêtements occidentaux. Une rencontre interreligieuse s’annonce importante mardi en début de soirée, à 18 heures à Colombo.

Des plaies encore ouvertes

La cohabitation est possible, mais elle reste un enjeu, surtout entre les Cinghalais et la minorité Tamoul, au terme de décennies de guerre entre le gouvernement cinghalais et les Tigres séparatistes de l’Eelam Tamoul au nord. Le conflit s’est achevé en 2009 à la défaveur des Tigres de LTTE, mais les plaies restent vives et les Srilankais espèrent que le Pape prononcera un message de réconciliation et de paix. François pourrait le délivrer mercredi après-midi au sanctuaire marial de Madhu, en territoire tamoul. Il s’y rendra en hélicoptère pour éviter les quatre heures de voyage en voiture.

Avant même l’arrivée du Pape au Sri Lanka, « un miracle s’est déjà produit » affirme le cardinal Malcolm Ranjith, le président de la conférence épiscopale et archevêque de Colombo : l’élection présidentielle du 8 janvier dernier s’est déroulée dans un climat serein. Le président sortant a perdu le scrutin. Convaincu de sa victoire, Mahindra Rajapaksa n’a pourtant pas contesté sa défaite. Il a cédé la place à son ancien ministre de la santé, Maithripala Sirisena qui accueillera le Pape mardi ; l’homme est soutenu par les bouddhistes comme par les minorités. A l’issue du scrutin, du quasi jamais vu, il n’y a eu aucune violence. Une grâce due à la venue du Pape et un miracle dû, selon le cardinal Ranjith, au futur saint Joseph Vaz.

Joseph Vaz, le premier saint du pays

L’Indien de l’Oratoire de Saint Philippe Neri canonisé mercredi lors d’une grande messe publique par François (à la suite d’une procédure équipollente, sans miracle reconnu), sera le premier saint de l’île. Béatifié il y a 20 ans par Saint Jean-Paul II, le prêtre né à Goa au XVIIe siècle était venu clandestinement au Sri Lanka pour aider la communauté catholique persécutée par les Hollandais calvinistes qui dominaient le pays. C’est « l’apôtre du Sri Lanka ». On attend quelque 500 000 personnes pour cette grande messe. « Dans la foule, assure le nonce apostolique, vous verrez des membres d’autres confessions. Eux aussi, apprécient ce Pape qui aime et accompagne les pauvres et familles ».








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