2014-12-12 17:30:00

Le dilemme des syro-catholiques face aux violences en Irak


(RV) Le Pape François a reçu le patriarche d’Antioche des Syriens, S.B. Ignace Joseph III Younan en compagnie des évêques et de fidèles de l’Eglise syro-catholique. Cette communauté chrétienne d’Orient tient son synode à Rome, hors du territoire patriarcal pour des raisons liées à la situation de guerre en Syrie et en Irak.

Le Pape a donné une nouvelle preuve de sa proximité envers ces chrétiens persécutés ce qu’a apprécié évidemment le patriarche. Interrogé par Antonino Galofaro, il revient tout d’abord sur les violences dont est victime sa communauté

Notre Église catholique au nord de l’Irak, dans la plaine de Ninive et Mossoul a été la plus touchée par ces actes de barbarie terroriste, il y a six mois à Mossoul et il y a quatre mois dans la plaine de Ninive. Nous sommes vraiment dans une situation alarmante et c’est un grand défi pour notre survie sur les terres de nos ancêtres. Le Saint-Père connait bien notre situation. Il nous a déjà adressé, par vidéo, des paroles vraiment émouvantes lorsque le cardinal Barbarin a rendu visite aux réfugiés à Ankawa- Erbil, au nord de l’Irak. Nous avons d’ailleurs remercié le Saint Père. Il l’avait déjà répété en Turquie et il continue de dire que les chrétiens subissent des persécutions à cause de leur foi. Nous n’avons pas l’ambition de reprendre le pouvoir de n’importe quel pays. Nous n’avons pas d’ennemis. Nous ne portons pas des armes pour aller combattre les autres. Nous sommes persécutés uniquement parce que nous sommes chrétiens.

La réaction naturelle, c’est de partir. Comment réagir autrement quand on est face à une telle situation ?

Nous sommes devant un très grand dilemme. Comment répondre à nos communautés qui ont été chassées de leurs terres, de leurs maisons, de leurs villages par la force ? Cela fait déjà six mois qu’ils sont dans cette situation et c’est une grande question à laquelle nous ne pouvons pas vraiment répondre. Que faire ? Attendre encore des mois dans des situations tragiques où notre peuple, avec des enfants, avec des personnes âgées et des personnes handicapées restent dans des conditions tellement précaires qu’ils n’ont pas de quoi se chauffer et ne peuvent pas vivre dignement ? Ils étaient habitués à vivre avec dignité dans leurs villages et maisons. Mais voilà, ils nous interrogent et nous posent des questions pour savoir s’ils doivent rester ou bien s’en aller. Nous leur disons que c’est à eux que revient la décision. Nous voudrions surement rester et qu’eux-mêmes restent, malgré toutes les souffrances qu’ils subissent depuis des mois. Mais à vrai dire, on ne peut pas faire le choix à la place de parents, de pères et mères avec leurs enfants. Et donc, nous demandons et nous appelons la famille internationale, surtout les pays qui sont parmi les plus puissants en Occident, qu’ils restent fidèles à leurs principes pour défendre ceux qui sont persécutés, pour répandre la vraie démocratie où il y a une vraie liberté soit religieuse soit civile pour tous les citoyens. Il ne faut pas vendre les chrétiens parce qu’ils sont vulnérables à cause du pétrole !

Vous l’avez dit tout à l’heure, le Pape a apporté un message aux chrétiens d’Orient avec la visite du cardinal Barbarin à Erbil dans le Kurdistan irakien. Vous, à l’inverse, qu’est-ce que vous avez tenu à lui dire aujourd’hui ?

Nous lui avons dit « Sainteté, c’est vrai que nous sommes une des plus petites Eglises de l’Orient comme Église catholique. Depuis Antioche, nous avons une histoire de martyrs où le témoignage est synonyme de martyr. Nous sommes prêts à vivre notre foi et notre attachement au Christ. D’autre part, nous avons besoin que les grandes puissances ne regardent pas nos communautés comme des numéros, des chiffres pour leur ambition et pour leur politique plutôt machiavéliques. Nous devons parler de cette situation très dramatique et même terrible que nous traversons. Nous n’y sommes pour rien dans cette situation injuste envers notre peuple. Si les grandes puissances prétendent défendre les libertés de tous les peuples, de toute communauté soit civile soit religieuse, qu’ils se mettent debout pour défendre nos droits et que nous puissions vivre sur nos terres en plénitude de droits de citoyenneté ! ».  








All the contents on this site are copyrighted ©.