2014-11-13 11:21:00

Violences contre un centre d'accueil pour immigrés à Rome


(RV) Depuis plusieurs  jours  un quartier de la périphérie de Rome, Tor Sapienza, connaît des manifestations et des épisodes de violences contre un centre d’accueil pour immigrés. Mercredi soir, le centre a été littéralement assailli par un groupe de jeunes, munis de cocktails molotov, de pierres et de bâtons. La tension monte chaque jour d’un cran contre les immigrés, notamment sur les réseaux sociaux, où dans des messages aux accents racistes, on les accuse d’être responsables de tous les maux du quartier, et notamment de la micro-criminalité, mais aussi d’avoir tenté de s’en prendre à des jeunes filles. Au niveau politique, le maire de Rome a aussitôt réagi en soulignant que la « capitale italienne refusait l’ignoble chasse à l’étranger ». Les habitants de Tor Sapienza lui ont fait savoir leur exaspération, d’autant qu’ils disent déjà « supporter » un camp de roms.

L’Agence de l’Onu pour les réfugiés « condamne l’instrumentalisation » de la situation par des éléments extrémistes de la société italienne, et « soutient les forces de l’ordre qui cherchent à apaiser la situation ».

Le Centre Astalli qui s’occupe de la question des réfugiés regrette lui qu’ une fois encore « la périphérie de Rome, de laboratoire potentiel d’interculturalité et d’intégration, devienne le lieu de tensions et d'abandon », rappelant que ce type de situation s’est déjà déroulé dans d’autres quartiers périphériques comme Tor Pignattara et Corcolle. « Ce sont des situations tristes qui touchent autant les habitants que les immigrés, victimes d’une crise économique qui atteint les uns et les autres de manière transversale ». En d'autres mots, les périphéries risquent de vivre une guerre entre pauvres.

Camillon Ripamonti, président du Centre Astalli, souligne que « c’est dans ces périphéries que se joue une partie cruciale de notre futur, qu’il est nécessaire de penser à un accueil des réfugiés qui concerne toute la ville, et non pas seulement les périphéries, qui de périphéries géographiques deviennent aussi des périphéries humaines ».

Le Centre Astalli recommande aussi de travailler sérieusement sur le dialogue à instaurer entre habitants et immigrés, pour lutter contre les préjudices et la peur. Favoriser le dialogue interculturel et interreligieux est essentiel.

La Caritas de Rome dénonce pour sa part en termes sévères l’incapacité des institutions politiques de la capitale italienne à trouver de véritables solutions.

72 immigrés dont la moitié sont des mineurs vivent dans ce centre de Tor Sapienza.  Xavier Sartre

 

Conséquence du dernier assaut contre le centre d’accueil mercredi soir : les mineurs vont être transférés dans d’autres centres afin d’éviter tout drame. Mais cette décision ne résoudra pas le problème de fond qui se pose depuis plusieurs semaines, voire depuis plusieurs mois dans la périphérie de Rome. Des chasses à l’homme ont déjà eu lieu. Et ce ne sont pas forcément des riverains qui en sont les auteurs comme l’explique Giammarco Palmieri, le maire d’arrondissement :

« Apparemment tous ceux qui ont participé à ces manifestations n’étaient pas du quartier. C’est notre préoccupation : qu’il y ait des organisations extérieures qui profitent de cette affaire pour mener des actions violentes ».

Ces événements ont lieu dans un quartier romain qui cumule de nombreux problèmes sociaux et économiques : chômage élevé, isolement géographique, dégradation urbaine, augmentation de la petite criminalité. Les habitants s’y sentent abandonnés aussi bien par les autorités nationales que par la mairie de Rome. De cette détresse nait un ressentiment envers les derniers arrivés, en l’occurrence ces immigrés sans travail placés dans ce centre d’accueil. Oliviero Forti, du bureau des immigrés de Caritas Italie :

« Il est évident que l’immigré a servi et sert toujours de révélateur du mal-être social. Toutes les tensions qui en fait, naissent ailleurs se déchargent sur l’immigré. Et ces tensions viennent souvent de l’incapacité de gouverner des territoires qui, dans certains contextes, sont particulièrement compliqués ».

Au-delà de ces explications générales, c’est une réponse concrète que les riverains de Tor Sapienza et les immigrés attendent. Une réponse locale d’abord et avant tout mais aussi nationale, car il n’y a pas que la périphérie de Rome qui est concernée : c’est tout le pays.

 








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