2014-11-03 18:41:00

Pour l’heure, l’armée tient les rênes du Burkina Faso


(RV) Entretien - Retour au calme au Burkina Faso au lendemain d’interventions musclées de l'armée contre les manifestants. Le nouvel homme fort du pays adoubé par l'armée, le lieutenant-colonel Isaac Zida, a promis lundi matin une transition « dans un cadre constitutionnel » lors d'une rencontre avec le corps diplomatique. « Cet organe de transition sera dirigé par une personnalité consensuelle désignée par tous les acteurs de la vie nationale », a-t-il déclaré sans toutefois donner d'explication plus précise ni de calendrier. 

Des négociations ont donc débutées dans la capitale burkinabé pour trouver une issue politique à la crise. L’opposition et la société civile qui ont poussé à la démission le président Blaise Compaoré après 27 ans de règne réclament un pouvoir civil. Mais pour l’heure, et malgré les promesses c’est l’armée qui tient les rênes du pays. Une armée qui a dépossédé les Burkinabés de leur révolution, et des luttes de pouvoir pourraient apparaitre au sein de ses rangs. C’est l’analyse de Michel Galy, politologue spécialiste de l’Afrique de l’Ouest. Il est interrogé par Antonino Galofaro

C’est un coup d’État militaire contre une révolution populaire. C’est à inscrire dans la longue histoire du Burkina Faso qui a eu une succession de pouvoirs militaires jusqu’à aujourd’hui. Des gens de l’armée ont pris le pouvoir comme le lieutenant colonel Zida qui est quand même le responsable en second de la garde présidentielle. Ce sont quand même des gens très proches du régime de Compaoré qui vient d’être déchu et en fuite en Côte d’Ivoire. C’est un peu le même système qui se poursuit à l’exception du général Kouamé Lougué qui est à la retraire. C’est l’ancien ministre de l’Intérieur qui était le choix de la foule des manifestants. Ceci dit, l’armée est divisée. Effectivement, la société civile, l’opposition classique les partis classiques ne vont pas se laisser faire, surtout les foules qui échappent d’ailleurs en partie à l’opposition.

Quel était le rôle de l’armée pendant la présidence de Compaoré ?

Il y a deux parties dans l’armée, c’est-à-dire la garde présidentielle dans l’actuel homme fort ou soi-disant tel, le colonnel Zida qui était le commandant second de la garde présidentielle qui était au fond le rempart de la dictature de Compaoré avec un millier d’hommes d’une armée très bien payée. Et puis le reste de l’armée qui comme dans beaucoup de pays africains, je pense notamment au Mali, est une armée prolétarisée, paupérisée et qui au fond, un peu en opposition latente avec les premiers de la garde présidentielle.

Est-ce qu’il y a des conflits larvés qui vont sortir en plein jour ?

C’est possible. Hier, en prenant la radiotélévision, au moment où le général Kouamé Lougué allait se prononcer en direct comme dirigeant de la transition, il y a eu quand même un mort. Donc, l’armée a tué hier. C’est quand même une nouveauté. Et puis, dans l’histoire du Burkina, les putschistes se sont souvent exterminés entre eux, en tout cas au sommet. Pas tellement en masse mais il y a eu des règlements de compte entre militaires. 








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