2014-10-14 13:56:00

"Dieu dans la pub!", une exposition à Paris


Paris accueille actuellement une exposition au thème qui interpelle « Dieu dans la pub ! ». Une exposition gratuite à la Fabrique du 222, au sein du couvent de l'Annonciation des Dominicains. Cette rétrospective propose de manière ludique un regard croisé sur les relations qu'entretient la publicité avec la religion catholique. A l’origine de cette initiative : le père Gautier Mornas, prêtre du diocèse de Périgueux et Sarlat, dans le Périgord. Après un mémoire sur l’image de Dieu dans la publicité à l’Institut supérieur de théologie des arts au sein de l’Institut catholique de Paris, le père Mornas a décidé d’approfondir le sujet en exposant des réclames et en les commentant.

Décryptage de cette exposition qui est déjà passée par le Périgord, et les villes de Nancy et Metz, dans ce sujet préparé par Christelle Pire.  

Les anges, le diable ou encore Moïse ou l’Arche de Noé, les publicitaires adorent les personnages religieux. Le Père Gautier Mornas a dénombré plus de 400 réclames qui font référence à la chrétienté.

C’est facile dans le sens où on est à peu près persuadé que tout public pourra comprendre le substrat parce que c’est quelque chose que nous partageons tous en commun, que nous ayons la foi ou non. Et puis effectivement, parce que la tentation est grande de s’amuser des choses qui sont un petit peu interdites, qui sont un petit peu sérieuses, qui sont considérées comme des choses au-delà de l’ordinaire de notre quotidien. Je pense en particulier à une publicité facile pour une lessive qui essaye de garder la vivacité des couleurs et qui en fait, pour s’amuser de cela, va à rebours de ce qu’elle propose, grime une religieuse avec un costume extrêmement coloré alors qu’on a l’habitude de les voir en noir et blanc. La tentation, elle est facile et je crois que l’aspect potentiellement comique réside justement là-dedans.

Pour son exposition, le Père Mornas a obtenu une quarantaine de publicités françaises ou étrangères. Elles sont toutes accompagnées d’un commentaire pour les remettre dans leur contexte culturel. Le prêtre a fait ses choix en fonction des qualités esthétiques et comiques. Surtout, il n’a pas sélectionné les images qu’ils trouvaient choquantes.

On n’est pas tous choqués sur les mêmes choses. Selon l’endroit où l’on se situe sur la planète, on n’a pas le même référentiel religieux. Je veux dire concrètement par là qu’en France, pays de tradition catholique, quand on va chercher dans le réservoir religieux pour construire une publicité, instinctivement, on va puiser dans le registre du personnel religieux, du personnel ecclésiastique parce qu’on est dans un pays de tradition catholique où on a affaire à une Église catholique qui offre un intermédiaire pour sa relation à Dieu. Quand on va voir dans des pays qui sont plutôt de tradition protestante comme l’Allemagne ou les États-Unis, on a là affaire à un référentiel religieux qui s’appuie beaucoup plus sur la personne de Jésus. Jésus est beaucoup plus présent dans les publicités allemandes ou américaines qu’il ne l’est chez nous. Et du coup, quand on va puiser dans un autre référentiel que le nôtre, c’est là où nous sommes choqués.

Vous ne verrez donc pas la publicité de la marque de vêtement Benetton où le Pape Benoît XVI embrasse un Imam égyptien. Pas de trace non plus de celle de la marque Girbaud qui représente la scène avec des femmes à la place des apôtres. Le Père Mornas ne veut pas créer de polémique. Cela n’a pas empêché une trentaine de personnes de lancer une pétition contre son exposition. Elle l’accuse de montrer des images blasphématoires. Il s’en défend.

Je pense qu’on peut comme dirait Sainte Thérèse d’Avila, avoir à minima la théorie de bienveillance et se douter quand même qu’un prêtre ne va de lui-même monter une exposition qui serait blasphématoire et injurieuse. Je ne vois pas comment est-ce qu’un prêtre pourrait lui-même monter une exposition contre Dieu. Je lui ai consacré ma vie. Je pense en revanche que cette exposition est faite aussi pour interpeller, pour poser des questions. En aucun cas pour blesser ou pour injurier.

Poser des questions, c’est bien l’objectif de cette exposition. Prendre du recul par rapport à la publicité et réfléchir sur ce que cela dit, sur notre société. Par exemple, lorsqu’un fournisseur d’accès à internet utilise les rois mages pour vanter ses nouveaux produits pour les fêtes de Noël.

Pour le Père Mornas, cette profusion de références à la religion montre bien que l’Occident reste fidèle à ses racines chrétiennes.

Malgré ce que l’on peut croire,  dans notre société dont on renie les sources judéo-chrétiennes, le christianisme est finalement bien implanté dans notre pays parce qu’on a jamais vu finalement un publicitaire utiliser des armes dont il ne serait pas sûr qu’elles fassent mouche. Donc, c’est la démonstration que notre pays, quoi qu’on en dise est véritablement un pays qui puise ses racines dans un terreau judéo-chrétien.

Pour redécouvrir ces publicités, rendez-vous dans le huitième arrondissement de Paris. L’exposition se tient à la fabrique du 222, au sein du couvent de l’Annonciation des Dominicains jusqu’au 19 octobre. 








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