Duel inattendu pour l'élection présidentielle au Brésil

(RV) Les résultats du premier tour de l'élection présidentielle au Brésil ont finalement déjoué tous les pronostics. La présidente sortante Dilma Rousseff, soutenue par le Parti des Travailleurs, a obtenu un meilleur résultat que prévu en prenant la tête du scrutin avec 41,56% des suffrages. Elle affrontera au second tour Aecio Neves, qui a obtenu 33,55% des suffrages avec le Parti de la sociale-démocratie brésilienne, étiqueté plus à droite. 

La bipolarisation traditionnelle du Brésil se trouve donc finalement confortée par ce résultat, alors que la presse évoquait une percée de Marina Silva, la candidate écologiste qui avait été propulsée sur le devant de la scène suite au décès de son colistier, Eduardo Campos, dans un accident d'avion le 7 août dernier. Ancienne ministre de l'Environnement de Lula, Marina Silva n'a finalement obtenu que 21% des voix, un score honorable mais inférieur aux sondages, et finalement comparable à celui qu'elle avait obtenu lors de la présidentielle de 2010.

Une campagne à forte dimension religieuse

Elle ne deviendra donc pas la première présidente de confession évangélique à prendre les rênes du Brésil. L'enjeu religieux avait été important dans ce scrutin, le vote évangélique prenant un poids croissant dans la politique brésilienne, notamment au Parlement. L'Eglise catholique, sans prendre parti pour un candidat précis, avait trouvé un forte visibilité pendant la campagne, en appelant notamment les électeurs à se montrer vigilants sur la justice sociale, les questions écologiques et le respect de la vie. Le 16 septembre, la conférence des évêques du Brésil avait d'ailleurs organisé sur la chaine TV Aparecida un débat télévisé durant lequel les candidats avaient répondu aux questions d'évêques et de journalistes catholiques. 

Non qualifiée, Marina Silva pourrait faire la différence par son soutien

Le second tour de l'élection présidentielle brésilienne doit se tenir le dimanche 26 octobre. On ne sait pas pour le moment si Marina Silva, qui représente un électeur sur cinq, donnera une consigne de vote particulière. La presse brésilienne évoque toutefois son possible rapprochement avec Aecio Neves, qui pourrait provoquer la première alternance politique après 12 ans de pouvoir du Parti des Travailleurs. La dernière victoire électorale du Parti social-démocrate remonte à l'élection de l'économiste Fernando Henrique Cardoso en 1998, qui selon certains observateurs avait posé les jalons du décollage économique du Brésil dans la décennie 2000-2010, dont le Parti des Travailleurs avait par la suite bénéficié.

(avec agences)