2014-10-03 12:05:00

Le Synode sur la famille vu de France


Le synode sur la famille s’ouvre ce dimanche. Pendant deux semaines, évêques, prêtres, laïcs, et experts du monde entier réfléchiront ensemble aux défis qui se posent à la famille, aux couples, dans des contextes culturels très divers.

A Rome, l’ambiance est fébrile à quelques jours de cette assemblée synodale ; nombreuses sont les questions brûlantes, - l’accès à la communion des divorcés –remariés, la préparation au mariage-, qui cristallisent les débats et les polémiques en tout genre, focalisant l’attention médiatique.

Comment ce synode est-il perçu en France ?

Le regard du Père Cédric Burgun, spécialiste du droit canon, membre de la communauté de l’Emmanuel.

D’un côté, il y a une accélération médiatique avec les médias qui se préoccupent du synode qui va démarrer. Les médias chrétiens font notamment beaucoup de publicité et font œuvre de pédagogie pour présenter les enjeux du synode. De l’autre côté, il y a les fidèles chez qui je ne suis pas sûr que ça soit encore complètement accueilli. Et je me souviens d’ailleurs que le grand questionnaire qui avait été lancé par le Pape François en décembre dernier pour interroger les chrétiens sur la manière dont ils vivent, sur les questions de pastorale familiale, avait eu aussi cet écho mitigé, c’est-à-dire au niveau de la hiérarchie où des médias s’étaient saisis de ce questionnaire et ils avaient eu beaucoup de mal à le défendre chez les fidèles. Donc, je pense qu’on a encore un travail à faire pour intéresser les chrétiens sur ces questions. Il y a des petits groupes qui sont très engagés sur ces questions mais que tout le peuple chrétien soit derrière le synode, notamment dans l’intercession et la prière.

Parmi ces petits groupes que vous évoquez, ces petits groupes engagés qui sont sensibles à ce prochain synode, est-ce que vous constatez  des attentes particulières ?

Il y a les attentes qui sont celles que tout le monde connait, c’est-à-dire par rapport aux divorcés-remariés mais il y a aussi beaucoup d’attentes pour un peu redorer la question de la pastorale familiale. Il y a beaucoup d’attentes, notamment sur la question de la préparation au mariage, savoir comment l’église va se saisir des nouveaux enjeux familiaux qui se présentent aujourd’hui dans le monde. Je parle ici de la question française et européenne et je ne prétends pas parler pour le monde entier. Mais en tout cas en Occident, il y a beaucoup de questions sur les fiancés qui arrivent en préparation au mariage qui pour la plupart en France n’ont pas été catéchisés. 95% des fiancés que nous accueillons en préparation au mariage n’ont pas été catéchisés et donc, il y a un véritable enjeu d’évangélisation.

Ici, à Rome, on constate une certaine ambiance fiévreuse, une certaine fébrilité, notamment au regard des polémiques qui font un peu rage en ce moment. Vous avez évoqué cette question toute à l’heure, celle des divorcés-remariés qui cristallisent beaucoup de débats et beaucoup d’attentions. Quel regard portez-vous sur ces polémiques ?

Je vous l’avoue, je porte un regard inquiet. Je trouve qu’il y a eu une sorte d’emballement médiatique, une sorte de pression médiatique pour faire en sorte que ce sujet soit premier au synode alors qu’il ne l’est pas. Je rappelle tout de même les trois-quarts du discours du cardinal Kasper de février dernier au consistoire ne portait pas sur la question des divorcés-remariés. Et je remarque que les discours médiatiques n’ont pas été équilibrés sur ces sujets. Donc, je porte un regard un peu inquiet parce que je sens cette pression médiatique sur les pères synodaux et je trouve que ce n’est pas un bon contexte pour pouvoir réfléchir posément et paisiblement sur ces sujets qui sont des sujets douloureux et importants. Et donc, au fond de moi, je suis très en paix parce que je suis persuadé que la discussion au sein du synode va avoir beaucoup plus de recul que ce qu’on veut bien nous faire croire d’un point de vue médiatique.

Sur fond de ces polémiques, on a une espèce de « dialectique », une dialectique théologique et pastorale. Certains voudraient dissocier ces deux aspects. Pour d’autres, l’un ne peut s’appréhender sans l’autre. Qu’en pensez-vous ?

Vous savez, il faut avoir une certaine logique par rapport à cela. C’est comme certains qui voudraient opposer « vérité et miséricorde ». Mais dans le cœur de Dieu, les choses ne peuvent pas être dissociées. La miséricorde, dans le cœur de Dieu, c’est le prolongement de sa vérité. Dieu est véritablement miséricordieux. Mais quand Jésus annonce la réalité du mariage, l’exigence et la beauté du mariage, il est en même temps vérité et miséricorde. Il y aura des manières nouvelles d’appréhender les choses. Il faudra trouver des terrains et des manières pédagogiques d’appréhender les choses mais en tout cas, la pastorale ne peut jamais s’opposer à la théologie. La vérité ne peut jamais s’opposer à la miséricorde. Sinon, c’est le reniement au cœur de Dieu-même que l’on propose et ça, ce n’est pas possible. Donc, il faut entrer dans une pédagogie nouvelle d’annonce de la vérité telle que Jésus a réussi à le faire dans l’Évangile.  








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