2014-09-13 11:42:00

Le Pape à Redipuglia: "La guerre est une folie"


(RV) Emotion, prière et recueillement au cimetière militaire italien de Redipuglia, dans la région du Frioul-Vénétie-Julienne, non loin de la frontière avec la Slovénie. C’est là que le Pape François a effectué ce samedi matin un pèlerinage dans ce lieu où sont enterrés quelque cent mille soldats italiens dont soixante mille ne portent pas de nom, tous victimes des terribles combats qui eurent lieu dans cette région au cours de la Première Guerre mondiale. Sous un ciel couvert et parfois pluvieux, le Pape y a célébré la messe en mémoire des victimes de toutes les guerres en compagnie notamment des archevêques de Zagreb et de Vienne.

Ce déplacement s’inscrit dans le cadre des commémorations du centenaire de la Grande Guerre mais le Pape a voulu élargir sa prière et embrasser toutes les victimes. C’est pourquoi, avant de se rendre dans le cimetière de Redipuglia, il est allé prier devant le monument central du cimetière austro-hongrois de Fogliano, situé à quelques mètres du sanctuaire italien.

Dans son homélie, le Pape a répété cette phrase, cette « devise narquoise de la guerre : que m’importe ? » soulignant ainsi l’une des causes premières de tout conflit, l’indifférence à son prochain, à l’image de Caïn envers Abel. Xavier Sartre 

 

« La guerre est une folie » : une évidence que le Pape souligne dès le début, expliquant clairement que « son plan de développement est la destruction » de la Création mais aussi de « ce que Dieu a créé de plus beau : l’être humain ». Aux racines de ce mal, « la cupidité, l’intolérance, l’ambition du pouvoir ». Mais surtout, quand l’idéologie ne justifie même plus la guerre, l’indifférence, celle qui fit dire à Caïn : « que m’importe ?  Suis-je le gardien de mon frère ?». Depuis le début du vingtième siècle, le monde a été confronté à deux guerres mondiales, et même une troisième selon le Pape, « combattue par morceaux, avec des crimes, des massacres, des destructions ». Et cela à cause de l’humanité qui a dit : « que m’importe ? ».

Derrière cette formule, se cache une réalité bien concrète. Celle « des intérêts, des plans géopolitiques », de « l’avidité de l’argent et du pouvoir », celle de « l’industrie des armes qui semble être tellement importante ! ». « Ces planificateurs de la terreur, ces organisateurs de l’affrontement, comme également les marchands d’armes, ont écrit dans leurs cœurs : que m’importe ? », accuse le Pape. « Le cœur corrompu » de ces « affairistes de la guerre » « a perdu la capacité de pleurer ». C’est Caïn qui règne en maître sur notre monde marqué par tant de conflits.

Prier pour toutes les victimes

Or, cette attitude est à l’opposé du message de Jésus qui nous enseigne que « celui qui prend soin du frère entre dans la joie du Seigneur ». Pour que les cœurs ne s’assèchent pas, le Pape demande donc la conversion du cœur : passer de cette indifférence aux larmes, non seulement pour les victimes de la Première Guerre mondiale mais pour « toutes les victimes de la folie de la guerre, en tout temps ». A l’aridité des faiseurs de guerre qu’il dénonce avec force, le Pape demande à l’humanité de pleurer car elle en a besoin.

A l’issue de la messe, le Pape a remis une lampe à tous les évêques présents et aux aumôniers militaires pour qu’ils les allument ensuite dans leurs diocèses respectifs au cours des commémorations de la Grande Guerre. Le Pape a, lui, reçu le chapeau d’un soldat italien tué en Afghanistan de la part de sa famille. Il a également reçu, des mains de l’amiral italien Luigi Binelli, chef d’état-major des armées italiennes, les documents militaires de son grand-père, Giovanni Bergoglio, bersaglier pendant la Première Guerre mondiale.

 

 

 








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